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mercredi 9 janvier 2013

Incendies de Denis Villeneuve

RéalisationDenis Villeneuve
ScénarioDenis Villeneuve
adapté de la pièce de Wajdi Mouawad
Acteurs principaux
Sociétés de productionMicro Scope
Pays d’origineDrapeau du Canada Canada
GenreDrame
Sortie2010
Durée130 minutes [Source : Wikipédia]


Nawal

 

La structure du film :

Partie 1 : Les jumeaux [Jeanne et Simon] : à la lecture du textament de leur mère, ils découvrent qu'ils ont un père et un frère encore vivants, auxquels ils sont supposés remettre une lettre. Colère de Simon. Époque actuelle.

Partie 2 : DARESH. Au pays d'origine de Nawal : séquences alternées de Nawal dont on découvre la jeunesse - l'enfant illégitime né au village et confié à un orphelinat -, l'éducation tardive, le retour sur les traces de " l'orphelin " en pleine guerre civile, si bien qu'elle ne parvient pas à le retrouver. Différence avec la pièce : dans l'une des premières séquences on nous montre les frères de Nawal tuant son amoureux Wahab (avec qui elle voulait s'enfuir). Leurs adieux déchirants et la promesse de chérir l'enfant à venir ne sont pas échangés comme dans la pièce.
Épisode sanglant du bus qui explose ; Nawal ne parvient pas à sauver une petite fille, abattue devant ses yeux. Elle n'est épargnée que parce qu'elle est chrétienne. Le pays est déchiré.

Partie 3 : Le Sud. Jeanne recherche activement son père qu'elle croit être Wahab. De retour dans le village de sa mère, elle apprend qu'elle n'est pas la bienvenue : sa famille a été frappée de la " honte ".

Partie 4 : DERESSA. Retour sur Nawal : "Je suis arrivée à la fin du massacre des réfugiés du camp de Deressa." Elle dit qu'elle veut " enseigner ce qu'elle a appris à l'ennemi."
Ellipse : elle est devenue le professeur particulier d'un enfant dans une famille aisée, protégée militairement. Elle tue le père en l'abattant presque à bout portant. Elle est alors emprisonnée dans une cellule minuscule, la fameuse cellule 72.

Partie 5 : KFAR RYAT - du nom de la prison où elle est restée quinze ans.
Jeanne visite la prison et rencontre un ancien gardien ; parlant de sa mère, il déclare : "C'est la femme qui chante (...). Elle a assassiné le chef des milices de la droite chrétienne. (...) Elle n'a jamais plié." Première évocation d'Abou Tarek, son tortionnaire ; propos tragique : "parfois il vaut mieux ne pas tout savoir." Mise en garde inopérante ! Abou Tarek "l'a brisée à répétition pour qu'elle arrête de chanter." Jeanne croit que la grossesse évoquée par le gardien - suite au viol de Nawal par son tortionnaire - explique la naissance de leur frère (paroles à Simon qu'elle tient au courant à distance).
Passé : Nawal en prison souffre.
Présent : Simon avec le notaire." J'vas chercher masoeur, c'est tout." Le notaire Jean Lebel l'accompagne : " une promesse, pour un notaire, c'set de l'ordre du sacré."
Passé (2) de Nawal au Canada : sur son lit de mort, murmurant au notaire des paroels inaudibles pour le spectateur. Puis au bureau, on le voit clore des enveloppes.
Passé de Nawal à Kfar Ryat (1) : Viol suggéré. Ellipse. Nawal enceinte. Ellipse. Accouchement. Le spectateur découvre qu'il s'agit de jumeaux. Enfants transportés de nuit à la rivière mais finalement sauvés pcq ce sont " les enfants de la femme qui chante."
Présent : Jean et Simon : arrivée au pays ; aide d'un notaire local grâce à Jean. Jeanne se rend à l'hôpital où travailel une infirmière qui a aidé sa mère à accoucher en prison. Révélation : elle a redonné ses enfants à Nawal Marwan quand elle sortie de prison. Enchaînement brutal avec la nage exutoire des jumeaux à la piscine.

Partie 6 : NIHAD. Passé (entre 1 et 2) : Courses d'enfants dans les rues pleines de décombres : enfants dégommés par u nsniper isolé qui tire du haut d'un immeuble. Mystère.
Présent : Info. recueillies sur l'enfant abandonné à l'orphelinat de Kfar Kout : Nihad. Pas d'adoption. Sur ses traces... : cheminement des enfants qui marchent sur les pas de leur frère et de leur mère.Chef de guerre qui a détruit cet orphelinat : Chamseddine, toujours vivant. Ils vont au camp de Deressa afin de trouver "Nihad de Mai ", fils de "la femme qui chante ". reprise notable de ces expressions de Wajdi Mouawad, qui contribuent à la force lyrique de l'oeuvre.
Passé (1) : Nawal dans une voiture. Un homme parle : " Tu as besoin d'aide. (...) Je serai toujours là pour toi et tes enfants."

Partie 7 : CHAMSEDDINE
Rendez-vous fixé à Simon qui doit s'y rendre les yeux bandés. Chamseddine a bien connu Nawal qui a travaillé pour lui. Tête à tête des deux hommes. À propos de l'orphelinat : "J'ai épargné les enfants (...) Nihad était parmi eux. (...) à part (...) un tireur redoutable (...) Devenu un fou de guerre, devenu franc-tireur, le plus dangereux de la région. " Fait prisonnier, il a été formé et est devenu un bourreau dans le camp des chrétiens. L'entretien se poursuit.
Séquence : Simon et Jeanne : 1+1 = 1
Passé (2) Nawal à la piscine, quelques années  avant sa mort : elle reconnaît son bourreau comme étant également son fils : il porte les marques que la grand-mère de Nawal lui avait faites au pied. Diiférence avec le livre dans le mode d'identification du fils ; il n'est pas question de procès ici, comme si le bourreau avait pu continuer à vivre en toute impunité. Plongée dans le silence dont elle ne sortira que sur son lit de mort pour donner ses instructions testamentaires.
Présent : retour sur la révélation de Chamseddine : Nihad de Mai est Abou Tarek. Il vit au Canada sous une nouvelle identité (la boucle est bouclée !).
Jeanne et Simon retrouvent Nihad et lui remettent les lettres
Jeanne et Simon chez le notaire prennent connaissance d'une lettre qui leur est adressée : la Lettre aux jumeaux. Une promesse : celle de " briser le fil de la colère " (dans la pièce de théâtre c'est une promesse que Nawal fait à sa grand-mère en acceptant d'être instruite). Leitmotiv de la pièce exprimé : " Rien n'est plus beau que d'être ensemble."
Séquence finale : le cimetière ; l'inscription sur la pierre ; acte final qui signifie le repos de Nawal et la réconciliation des générations.

Les promesses ont été tenues !

mardi 18 décembre 2012

CONCOURS DE POÉSIE

Poésie en liberté

"Poésie en liberté" est un concours international de poésie en langue française via internet. Cette opération, organisée par l'association du même nom, fête en 2013 sa 15ème édition.

La participation se fait uniquement par le site :

www.poesie-en-liberte.com

ObjectifsPoésie-en_Liberté_visuel_2013

  • favoriser l'expression personnelle des élèves par la pratique de l'écriture poétique, individuelle ou encadrée par un enseignant ;
  • privilégier les échanges entre élèves ;
  • rendre les élèves plus conscients des enjeux culturels de la poésie.

Calendrier 

  • 23 novembre 2012 : cérémonie de remise de prix à l'Hôtel de ville de Paris ;
  • 2 janvier 2013 : ouverture des inscriptions de la 15ème édition ;
  • 7 avril 2013 : clôture du concours.

Modalités 

La participation consiste en l'envoi d'un poème inédit, en vers ou en prose, de 30 lignes ou vers maximum. Elle est limitée à un seul poème par candidat. L'inscription se fait exclusivement sur internet par l'intermédiaire des professeurs et des documentalistes.

Public concerné 

Tous les lycéens (lycées français à l'étranger, lycées des pays francophones et non francophones) et tous les étudiants de 15 à 25 ans.
Les élèves en situation de handicap et bénéficiant d'un projet personnalisé de scolarisation (PPS), scolarisés dans les mêmes niveaux d'enseignement y ont toute leur place.

Partenaires institutionnels 

Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la pêche, Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), académie de Créteil, Ligue de l'enseignement, conseil régional d'Ile-de-France, conseil général de Seine-Saint-Denis, municipalité d'Aubervilliers, université Laval de Québéc, Canada.

Source : Eduscol

mercredi 12 décembre 2012

Ai Weiwei Never sorry

Un documentaire passionnant qui permet de participer à l'histoire en train de se faire et de découvrir la manière dont les artistes peuvent contribuer, à travers leur art, à changer le monde dans lequel ils vivent.
Ai Weiwei est un exemple vivant d'artiste engagé : sa vie et son oeuvre sont devenues indissociables de cet engagement, ce que le documentaire montre fort bien.

Image emblématique d'une exposition faite à la Tate Modern Gallery de Londres : celle d'un artiste au milieu des 100 millions de graines de tournesol factices - en porcelaine - qu'il a fait peindre  la main et qu'il jette en l'air devant une assemblée de photographes. Les graines, tout à la fois semblables et dissemblables,  à la grâce de son geste, prennent leur envol et forment une nuée... Que symbolise chacune de ces graines ? Pourquoi composer un champ de graines dans un musée si ce n'est pour rappeler la multitude des possibilités qui sont offertes à l'homme, rappeler que nous vivons dans un monde de possibles, et communiquer, de manière symbolique un message optimiste ?

Le combat d'Ai Weiwei a pour principal but de défendre la liberté d'expression. On voit cependant , à travers ce documentaire, que tous les droits fondamentaux auxquels l'individu peut prétendre sont également en jeu : le droit au respect, le droit à la protection des enfants (et des citoyens en général) dont l'État a la responsabilité, le droit de défense ou de réponse : la possibilité de défendre ses droits devant la justice etc.

Pour rappel et info. :

Il est devenu la " bête noire du régime chinois " ; pour preuve : " Son soutien aux victimes du séisme lui a valu un tabassage en 2009. Ses dénonciations incessantes l'ont transformé en bête noire du régime et mené en prison. En avril 2011, Ai Weiwei est arrêté au motif fallacieux de "crimes économiques". Détenu au secret pendant 81 jours, il est relâché sous la pression internationale. Libéré sous caution, il se voit condamné pour "fraude fiscale", à une amende exorbitante de 15,22 millions de yuans (1,7 million d'euros).  
Son passeport confisqué, il est depuis interdit de sortie du territoire. Sa maison atelier de Pékin est sous la surveillance constante des caméras. Mais les expositions qui lui sont consacrées se succèdent, de la Tate Modern de Londres à la Biennale de Sao Paulo et au Jeu de Paume à Paris... Ai Weiwei, devenu le symbole de la liberté d'expression , sera l'un des quatre représentants internationaux de l'Allemagne, à la Biennale de Venise de juin 2013."
Source : http://www.lexpress.fr/culture/cinema/3-choses-a-savoir-sur-ai-weiwei_1195063.html

Dans l'attente d'une critique d'élève... Donnez-moi votre compte-rendu pour les vacances de Noël : ce sera mon Kdo !!

mardi 11 décembre 2012

Stéphane Braunschweig, rencontres

Stéphane Braunschweig est un metteur en scène de théâtre qui dirige le Théâtre de la Colline à Paris – où il a pris la suite d’Alain Françon – depuis janvier 2010.

Quels auteurs privilégiés a-t-il déjà montés sur scène ? Shakespeare, Eschyle, Sophocle, Tchekhov, Ibsen, Molière et quelques auteurs contemporains tels qu’Olivier Py. Dans son théâtre, il montre surtout des pièces d’aujourd’hui et remonte jusqu’à la fin du XIXè s., le début du XX è avec des auteurs tels que Tchékhov ou Ibsen qu’il considère comme les premiers modernes. Travail dans la continuité de celui de Françon qui a amené plus d’ouverture au théâtre de la Colline. Braunschweig fait en outrepartie d’un groupe de lecture –et de réflexion-  sur l’écrit contemporain.
Six personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello est la première création dramatique extérieure depuis cette prise de fonction, s’il on excepte les mises en scène d’opéras, fort nombreuses dans la carrière de S. Braunschweig (Bartók,  Verdi,  Debussy…)
Les guillemets signalent que les expressions citées sont directement empruntées à Stéphane Braunschweig, dans les propos qu’il a tenus soit dans l’émission « Avignon, écritures contemporaines » le 8/12/2012 (1) – 15 premières minutes de l’émission -, soit lors du « Grand Entretien » de la Grande Table 2è partie, le 06/09/2012, entretien mené par Caroline Broué (2) –durée 34’23’’. Ces deux émissions peuvent être chargées et écoutées grâce aux liens indiqués en bas de page. L’émission (2) offre deux extraits audio de la pièce, l’un à 16’07, l’autre à 19’09.
Le point de départ de la pièce : Ce qui a plu au metteur en scène : « l’idée géniale de ces personnages qui cherchent un auteur ».
La pièce s’ouvre sur une sorte de  prologue : les comédiens s’interrogent jusqu’à ce qu’un groupe de personnages apparaisse. Tous ces échanges sont l’occasion d’une réflexion sur le théâtre d’aujourd’hui.
Braunschweig rappelle que ces personnages n’ont sans doute pas cessé d’obséder Pirandello et qu’en même temps, il ne parvenait pas à les inscrire dans une histoire, un récit, alors « il les a abandonnés ». Les six personnages débarquent sur le plateau et se confrontent à une troupe de comédiens. Pirandello les a donc finalement repris pour cette pièce qui pose le problème de la création dramatique.
Point important à noter : contrairement à chez Pirandello, l’auteur revient dans la pièce. (cf nouvelle édition du texte revu par le metteur en scène et publié aux Solitaires intempestifs)
Le théâtre de la Colline offre dans sa saison 2012-2013 plusieurs  spectacles qui mettent l’art et l’artiste au cœur du spectacle  et qui s’interrogent sur la fonction de l’art. Selon le metteur en scène, c’est sans doute dans l’air du temps : les élections présidentielles sont récentes, nous sommes en temps de crise … la question de la nécessité de l’art mérite d’être posée et réaffirmée.
Extrait de la pièce : « J’ai peur (…) [est-ce que] ça a encore du sens de travailler sur des textes ? » L’importance de l’écriture de plateau est soulignée, et pourtant le metteur en scène [de la pièce, dans la mise en abyme] déclare : «  je ne veux pas abandonner l’auteur,  je ne  peux pas. » Caroline Broué (la journaliste) se demande si ces interrogations reflètent celles de S. Braunschweig. Réponse : « C’est vrai que ce que dit le metteur en scène, je pourrais le dire, y compris le « j’ai peur » » : il a envie de mettre sur le plateau les questions qu’il se pose tous les jours quand il travaille.
Chaque nouveau spectacle est l’occasion de se demander : « Qu’est-ce que je vais faire ? Qu’est-ce que je vais raconter ? » Pour la journaliste cela pose la question : « Qu’est-ce que le théâtre dans notre société ? »
Pour Braunschweig  l’opposition entre texte ou pas texte (et donc plateau) est assez factice.
Il réfléchit lui-même sa scénographie et n’hésite pas ici à souligner la dimension réflexive du spectacle[1] par des éléments du décor ; en outre, il utilise, comme un outil à sa disposition – auquel il a eu recours dans un autre spectacle, dès 1993 -, la vidéo qui, ici, sert le propos : la question de savoir ce qui est propre au théâtre et de ce qui le distingue du cinéma est posée au moment où la vidéo surgit dans le spectacle. Pour Braunschweig  l’un des intérêts de la vidéo est ici de dédoubler les personnages ; les petits interludes créés à ce se sujet n’existent pas chez Pirandello.

Le texte monté n’est pas exactement celui du prix Nobel de littérature italien ; c’est une adaptation, un texte en partie réécrit. S. Braunschweig a déjà traduit des textes, mais plutôt des textes allemands. Il éprouve un vrai plaisir à le faire : à rendre la pensée de l’auteur dans une langue d’aujourd’hui. Contrairement à ce que peuvent faire croire certaines des traductions de Pirandello, sa langue n’est pas très sophistiquée. C’est aussi ce que le metteur en scène a voulu faire apparaître. Le texte de Luigi Pirandello continue à servir de base de travail : Braunschweig l’a en partie retraduit mais il a également développé une écriture de plateau avec ses comédiens qui ont improvisé à partir des principales situations mises en œuvre dans la pièce. « Je suis parti de mes doutes, de mes questionnements. Avec les comédiens on est parti d’improvisations » à partir de l’idée de départ de la pièce. Braunschweig a souhaité que les personnages aient une ambiguïté, qu’ils aient vraiment l’air de personnages imaginaires… Attention : c’est bien un travail d’adaptation, une sorte d’interprétation de la pièce que Braunschweig en a fait, pas une réécriture complète.
Pirandello était un auteur très critique à l’égard du théâtre de son temps, un théâtre dont S. Braunschweig rappelle qu’il était bourgeois, très hiérarchisé (avec un premier grand rôle, le second rôle etc.) et consensuel : c’est un théâtre qui veillait à ne pas froisser le public et qui même cherchait à le flatter.
L’une des questions qui traverse la pièce est celle de la pudeur et de l’impudeur, du besoin des gens d’exposer leur intimité. Pour Braunschweig, dans le monde d’aujourd’hui, cela peut renvoyer aux gens qui exposent leur intimité via les réseaux sociaux ou les Reality Show (1) et (2). Cela pose le problème de l’image qu’on veut donner de soi : d’un côté, on prêche la transparence, de l’autre on ne donne finalement à voir de soi qu’une « belle intimité » -ce qui relève de l’artifice.
À quoi sert donc le théâtre ? Quelle que soit la pièce, on s’adresse toujours à un public d’aujourd’hui. Le travail du metteur en scène, c’est « faire résonner la pièce avec le présent », que ce soit une pièce actuelle ou ancienne. Une des fonctions du théâtre, c’est de « faire résonner le passé dans le présent ».
« Être artiste c’est avoir des doutes mais aussi des convictions. Une de mes convictions est qu’on a besoin des auteurs aujourd’hui parce qu’ils portent un regard singulier sur le monde » – quels que soient les auteurs dont on parle : tous genres et arts confondus. »
« La représentation c’est aussi du présent ; il faut que quelque chose se passe sur le plateau. »

 

Petit plus : la chronique de Rab'hati qui a recueilli certains  propos de S. Braunschweig le lundi 10/12, à l'occasion de la Rencontre "Grand Témoin" organisé par la Comédie de Valence.

Vous n'avez jamais voulu être acteur ?
"J'ai essayé, mais à la réplique suivante, je me suis remplacé, le désir d'être acteur n'a jamais été là !"
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Bernard Sobel et Antoine Vitez.
On peut être influencé par ses "pères" (ou ses pairs !!) sans même avoir aimé tous leurs spectacles.
 À propos de Sobel (1) : du classique, mais très grand déchiffreur des textes du passé ; très généreux. À propos de Vitez (2) : un très gand metteur en scène !
Vous mettez toujours des questions dans vos pièces. Serait-ce parce que la pièce vous pose des questions ?
Le théâtre que je fais est rempli de questions. Mon but : monter des pièce qui font sens (...) j'essaie de faire résonner la pièce avec des états psychiques de la société.
EN VRAC :
J'essaie de monter des pièces qui pour moi sont énigmatiques.
J'aime que le spectateur mène une enquête.

(1) Bernard Sobel : Bernard Sobel, de son vrai nom Bernard Rothstein est un metteur en scène et réalisateur né en 1935.
(2) Antoine Vitez, né à Paris le 20 décembre 1930 et mort à Paris le 30 avril 1990, est un metteur en scène de théâtre et un personnage central et influent du théâtre français d'après-guerre, notamment pour son enseignement du théâtre.


[1] La dimension réflexive du spectacle renvoie surtout au fait qu’il fait réfléchir sur le genre théâtral.

lundi 20 août 2012

Anurag Kashyap, un réalisateur majeur du cinéma indépendant indien

Gangs of Wasseypur  - Part 1, 2h40, sortie : 25 juillet 2012

Le film Gangs of Wasseypur s'ouvre sur les agissements d'un bandit légendaire qui braque les trains sous l'occupation britannique en Inde : Sultana.
Le destin de Sardar Khan, le personnage principal de cet opus, est régi par la vie que son père a menée. En effet, une fois adulte, il n'a de cesse de se venger des affronts que son père a subis, que ce soit de Sultana ou de Ramadhir. Tandis que la famillle de Sultana forme le clan des bouchers, Ramadhir et son fils ont la main mise sur les mines de charbon.
Un homme seul, assoiffé de vengeance, face à deux clans tout puissants, telle est la donne de cet "opus magnum" (1) qui parvient à enchaîner des séquences dans des registres extrêmement variés, tantôt épiques, tantôt lyriques, ou encore satiriques, et souvent teintées d'ironie, notamment grâce à la partition musicale - et aux textes chantés. Usage subversif des codes du "Hollywood masala" (2), ancien nom de Bollywood entre autres caractérisé par son mélange des genres (ou mélange d'épices), l'importance accordée à la famille et le recours à la musique et à la danse...
Deux clans, deux femmes, deux foyers... rien ne semble effrayer Sardar Khan, aussi avide de jouir de la vie que de se venger. Et tant que ce credo reste le sien, rien ne peut l'arrêter dans son ascension qui fait de lui le chef mafieux le plus redouté de Dhanbad. Il appartient à cette sorte de héros qui ne doivent pas rentrer dans le rang. Incarnation vivante d'une Furie vengeresse qui, une fois repue, doit céder la place à une autre !

Bien que ce film relève de la fiction, il s'inspire de faits réels qui prennent pied dans une histoire, celle de l'Inde en construction, tant sur le plan économique que politique. La caméra, souvent mouvante, inscrit les personnages dans un univers réaliste dont la noirceur, la dureté comme les couleurs et les traditions sont partagées avec le spectateur.

Le premier volet s'achève sur une séquence magistrale qui n'a rien à envier aux meilleurs westerns pas plus qu'aux films du Nouvel Hollywood mettant en scène la mafia américaine.

Un film globalement réussi, qui embarque le spectateur dans une fresque dont il ne peut qu'attendre la suite.


                                                   Manoj Bajpai qui interprète Sardar Khan

 ANNEXE :

Anurag Kashyap, un parcours à découvrir : "auteur-réalisateur-producteur-acteur" (1)
Quelques oeuvres notables dans une production déjà prolifique pour ce réalisateur né en 1972

 En tant que réalisateur :
2007 Black Friday
2009 Dev. D et Gulaal
2010 Mumbai Cutting
2011That Girls in Yellow Boots
2012 Gangs of Wasseypur, saga de 5h20 en deux volets, 2è prévu en déc. 2012

En tant que scénariste :
Satya de Ram Gopal Varma
Water de Deepa Mehta
Yuva de Mani Ratnam

En tant que producteur :
Udaan, 2010 ; Peddlers de Vasan Bala
Coproducteur de  The Lunchbox, 2012, de Ritesh Batra

Sa maison de production : Anurag Kashyap Films pvt ltd
 Il a "contribué à créer Phantom Films pour produire des films davantage centrés sur le scénario que sur les stars" (comme à Bollywood en général). (1)

Sources :
(1) Les Cahiers du cinéma, mai 2012. Article traduit de l'anglais de Meenakshi Shedde.
(2) Dictionnaire Mondial du Cinéma, Laroussse, éd.° 2011, article "Bollywood"
Pour une filmo. complète : http://en.wikipedia.org/wiki/Anurag_Kashyap_(director)

 

vendredi 17 août 2012

Laurence anyways de Xavier Dolan, 2012



Je ne connais pas la filmo de Dolan, du moins n'ai-je vu aucun de ses autres films.
Quelle belle surprise !

Imaginez un cinéaste capable de vous plonger dans une époque passée et pourtant récente sans la rendre désuète, de nous faire partager le vécu de ses personnages en exploitant les tubes des années 80/90 sans susciter de nostalgie... bref, rien à voir avec Potiche d'Ozon (dans un tout autre registre il est vrai, mais également très touchant).
Le réalisme ne cesse de flirter avec une perception singulière de la réalité que des plans esthétisants et symboliques rendent sans peine, tel le tourbillon des feuilles d'automne que la photographie tirée du film (ci-dessus) illustre. Le temps alors s'arrête et communique, par des images (et du son !), des sentiments que nous serions bien en peine de nommer exactement. Autrement dit l'image véhicule tout un monde en se passant des mots et la magie du cinéma opère !
Les acteurs sont excellents, même si le jeu outré de Suzanne Clément me touche moins que celui, plus retenu des autres acteurs principaux. Saluons Mélvil Poupaud, plein de grâce, mais aussi Nathalie Baye qui semble avoir parfaitement intériorisé le personnage de cette mère complexe, et décomplexée dans sa relation avec son fils.
Une seule question - qui n'a strictement rien de cinématographique- m'a taraudée une bonne partie du film : pourquoi une femme née dans le corps d'un homme n'a-t-elle de relation amoureuse qu'avec des femmes, sans jamais se déclarer lesbienne (du moins je ne crois pas) ? Est-ce une manière de nous faire sortir des ornières et de faire sortir le specteur de sa vision sexuée de l'humanité ?

Un film à voir, un réalisateur à suivre.... d'autres bien sûr l'ont sans doute perçu dès son premier opus : J'ai tué ma mère.