samedi 25 août 2012

LE SURRÉALISME

Max Ernst, Au Rendez-vous des amis,1922,

 huile sur toile de 130.00 par 95.00 cm
On y distingue entre autres:  Paul Eluard (juste sous le cercle central, en gris et debout), Aragon, en face de lui, derrière le bras levé d'André Breton. Robert Desnons pour sa part est assis en bas sur la droite, en complet bleu-gris. Max Ernst, le peintre de la toile, est assis au premier rang tout à fait à gauche : il porte des cheveux blancs et lève la main au niveau de la barbe de Fédor Dostoïevski (dont les descriptions réalistes sont critiquées dans le Manifeste du surréalisme), tout droit sorti de l'histoire récente de la littérature. Pour ce citer que ceux-là...

Dadaïsme et naissance du surréalisme

DADAÏSME, n.m. - L'école, le mouvement dada.
DADA n.m. - Dénomination adoptée par un mouvement artistique et littéraire révolutionnaire en 1916.
" Dada naquit d'une révolte qui était commune à toutes les adolescences." (Tristant Tzara)
Le Petit Robert, 2002
"Ainsi naquit DADA d'un besoin d'indépendance, de méfiance envers la communauté. Ceux qui appartiennent à nous gardent leur liberté. Nous ne reconnaissons aucune théorie. Nous avons assez des académies cubistes et futuristes (...). Fait-on de l'art pour gagner de l'argent et caresser les gentils bourgeois ? [p.22-23](...)
Chaque homme crie :  il y a un grand travail destructif, négatif à accomplir. Balayer, nettoyer. La propreté de l'individu s'affirme après l'état de folie, de folie agressive, complète, d'un monde laissé entre les mains des bandits qui déchirent et détruisent les siècles. Sans but ni dessein, sans organisation : la foli indomptable, la décomposition. [p.33]

DÉGOÛT DADAÏSTE
Tout produit du dégoût susceptible de devenir une négation de la famille, est dada ; protestation aux poings de tout son être en action destructive : DADA ; connaissance de tous les moyens rejetés jusqu'à présent par le sexe pudique du compromis commode et de la politesse : DADA ; abolition de la logique, danse des impuissants de la création : DADA ; de toute hiérarchie et équation sociale installée pour les valeurs par nos valets : DADA ; chaque objet, tous les objets, les sentiments et les obscurités, les apparitions et le choc précis des lignes parallèles, sont des moyens pour le combat : DADA ; abolition de la mémoire : DADA ; abolition de l'archéologie : DADA ; abolition des prophètes : DADA ; abolition du futur : DADA ; croyance absolue indiscutable dans chaque dieu produit immédiat de la spontanéité : DADA ; saut élégant et sans préjudice d'une harmonie à l'autre sphère; trajectoire d'une parole jetée comme un disque sonore cri ; respecter toutes les individualités dans leur folie du moment : sérieuse, craintive, timide, ardente, vigoureuse, décidée, enthousiaste ; peler son église du tout accessoire inutile et lourd ; cracher comme une cascade lumineuse la pensée désobligeante ou amoureuse, ou la choyer — avec la vive satisfaction que c'est tout à fait égal — avec la même intensité dans le buisson, pur d'insectes pour le sang bien né, et doré de corps d'archanges, de son âme. Liberté : DADA DADA DADA, hurlement des douleurs crispées, entrelacement des contraires et de toutes les contradictions, des grotesques, des inconséquences : LA VIE."
[.34-35, fin]
Citations extraites du Manifeste dada, 1918, de Tristan Tzara 

Modéles littéraires du surréalisme :

  • le "roman noir" du 18è s. "un genre où dominent (...) l'horreur et les ténèbres". (1) Auteurs : Walpole et son "château d'Otrante", Ann Radcliffe, von Arnim, Maturin, Lewis (Le Moine).
  • Dans la veine "romantique" europééenne : Lautréamont, Rimbaud, Berttrand, Nerval.

 

Et naquit le surréalisme...

" À rebours du nihilisme esthétique prôné par Tzara et les siens, les surréalistes se préoccupent d'une nouvelle définition de la peinture. Ils cherchent l'effet, peignent assez vite de grands tableaux emblématiques. Évidemment cela n'exclut pas que leur utilisation de la matière, leur technique et la liberté choquante dont ils font preuve dans leur rapport au métier remontent à Dada." (1)

1919 Première publication surréaliste : Les champs magnétiques d'André Breton et Philippe Soupault : premières expérimentations et applications de l'écriture automatique - au nombre des expressions-clés du surréalisme, avec celle de collage.

Dès ses débuts la "Révolution surréaliste" - du titre de la revue publiée dès 1924-25 - n'est pas limitée au domaine des arts ; elle entend prendre en compte un cadre socio-politique et s'engage, luttant par exemple contre les fascismes et s'engageant aux côtés de la révolution républicaine espagnole." En France aucun autre groupe intellectuel ne s'est employé à rattacher aussi concrètement son action au Parti communiste."  - (1) p.21. La relation cependant n'est pas sans heurt, les communistes ayant du mal à comprendre la Révolution surréaliste.

" L'oeil existe à l'état sauvage "



Dessin automatique d'André Masson, 1926-1926,
encre de chine sur papier, 30,35 par 24,10 cm

Par " état sauvage " il ne faut pas entendre le retour à la sauvagerie ou au primitivisme des premières sociétés humaines  mais " la pensée distincte de la pensée cultivée ou domestiquée en vue d'obtenir un rendement." Il faut faire table rase des conventions en se laissant emporter par la fureur.

André Masson a écrit : "Nous étions tous possédés du désir de dépasser l'intégrité plastique du cubisme."

C'est un univers empreint de la pensée d'Héraclite, d'une vision du monde qu'on ne saurait fixer dans sa fluidité : " Si notre oeil était seulement plus précis, nous verrions tout en mouvement " a déclaré Masson.
(1) Catalogue de l'exposition La Révolution surréaliste au Centre Pompidou en 2002 ; citations tirées de l'introduction rédigée par Werner Spies, commissaire de l'exposition.

Un lien émanant du Centre Pompidou sur L'Art surréaliste :
http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ens-surrealisme/ens-surrealisme.htm

mardi 21 août 2012

Nymphe et Vénus à l'image

En relation avec le groupement de textes autour du motif de la Nymphe dans la poésie française, un lien si vous voulez enrichir votre connaissance de la Vénus d'Urbino du Titien :


Cliquez sur "détail" (en rouge) et, si vous n'avez pas coupé le son, vous devez pouvoir écouter ces 3  mn 45 s. d'émission sans pb. N'hésitez pas à l'écouter au moins deux fois : il y est même question de Cranach  !

lundi 20 août 2012

L'échelle des plans

Les différentes dénominations des plans en lien avec la question de l’échelle des plans, utiles  pour l’analyse comme pour la conception des plans

Des sigles utiles pour la prise de notes sont indiqués entre parenthèses.
·         le très Gros Plan (le TGP) ou plan macro
·         le Gros Plan (GP)
·         le Plan Rapproché (le PR), également dit plan cravate
·         le Plan Moyen[1] (le PM),
·         le plan de demi-ensemble ou plan américain – la 2è appellation prend davantage comme repères le ou les personnages qui entrent dans le champ – (le PDE ou PA)
·         le plan d’ensemble (le PE)
·         plan général (PG) ou plan large (le PL)
Autres expressions dans lesquelles le mot plan entre dans la composition – et + ou – en lien avec la fonction de chaque plan :
-          Le plan au-dessus de l’épaule (tout particulièrement utile pour l’étude des scènes de dialogue et de confrontation de personnages : lié à l’étude de ce qu’on appelle « le champ/ contre-champ)
-          Le plan de situation  -  fonction fréquente des PE et PL
-          Le plan subjectif (plutôt TGP, GP ou PR)
-          Le plan de 2 ou le plan de groupes (pfs PR mais surtout PM, PDE et PE)
-          Le plan désaxé, …
Attention : toute analyse de plan suppose une prise en compte de la position de l’objectif par rapport au point de focale (centre de la mise au point) ; c’est ce qu’on appelle l’angle de prise de vue : il peut être frontal, en plongée ou en contre-plongée quand la caméra, le temps d’un plan, est fixe. Si la caméra est mobile, l’échelle de prise de vue comme l’angle peuvent varier.

 


[1] envisagé de deux manières suivant les ouvrages : tantôt comme un parfait intermédiaire entre le PR et le PA (équivalent approximatif d’un plan-taille), tantôt comme un plan pied (ce qui correspondrait en fait davantage i au plan de demi-ensemble, voire au PE). Tenons-nous--en à cette classification qui va du plan le plus serré au plan le plus large.

Les figures de style les plus fréquentes

LES FIGURES DE STYLE, également dites figures stylistiques ou procédés rhétoriques[1]


On distingue, pour ne citer que les plus fréquentes. :
Ø    Les figures de l’analogie et de la substitution, à savoir notamment la comparaison, la métaphore, la personnification, la métonymie et la périphrase ;
Ø    Les figures de l’opposition : l’oxymore (ou oxymoron), l’antithèse, l’antinomie, le paradoxe, …
Ø    Les figures de l’amplification : l’anaphore, l’hyperbole, l’énumération, l’accumulation, la gradation…
Ø    Les figures de l’atténuation : la litote, l’euphémisme, …


Les figures de l’analogie et de la substitution :


Il convient d’abord de préciser le sens de :
·         analogie : ressemblance, ce qui ustifie le rapprochement
·         et de substitution : remplacement

La comparaison est le fait de rapprocher deux éléments grâce à un mot ou une expression introduisant l’image, également appelé outil de comparaison (comme, pareil à, avoir l'air de ...), parce que ces deux objets présentent aux yeux de l’énonciateur un ou des points communs. Lorsqu’on analyse cette figure, on recherche par conséquent le comparé (A) et le comparant (B),  puis la ou les raisons du rapprochement ainsi opéré.
La métaphore est une image[2] très proche de la comparaison ; elle opère également un rapprochement mais sans recourir à un outil de comparaison et, bien souvent, en n’exprimant pas l’un des termes de la comparaison.
Exemples :           La jeunesse par sa verdeur et sa vitalité est semblable au printemps.
                            Le printemps de la vie ne m’a pas plus épargné(e) que ses autres saisons.
La personnification est une métaphore particulière et fréquente : elle attribue des traits humains à des objets, des idées, des sentiments ou des animaux. On parle par ailleurs d’animalisation pour les traits animaliers prêtés à des choses ou des êtres humains.
La métonymie est un procédé qui consiste à remplacer un mot par un autre ayant une relation logique avec lui. Ce procédé est fréquent dans le langage courant. Exemples : boire un verre (contenant pour le contenu), croiser le fer (matériau pour l'arme).
La périphrase remplace un mot par une expression équivalente qui fait ressortir un aspect d’un être ou d’une chose. Cette figure est très fréquente dans la langue classique (au 17è siècle), notamment afin d’éviter le caractère trivial (trop banal, quotidien) de certains mots.


Les figures de l’opposition :

 

L’antithèse oppose des termes, des idées dans un énoncé de manière à faire ressortir cette opposition.
L’antinomie est une contradiction entre deux principes, deux lois.
Le paradoxe est une idée qui va à l’encontre de l’opinion communément répandue ou la logique. 
L’oxymore est une alliance de mots contradictoires. Ex : « le soleil noir » (Baudelaire) – « cette obscure clarté des étoiles » (Corneille)
Le chiasme est une figure structurelle[3] : elle repose sur une organisation de la phrase dans laquelle deux éléments entrent dans une construction inversée. Ex. : bonnet blanc et blanc bonnet – «  Ces murs maudits par Dieu, par Satan profanés.. » (Hugo).

Les figures de l’amplification :

 

Il y a bien sûr tout d’abord la répétition pure et simple d’un mot ou d’une expression.
L’anaphore est la répétition d’un mot ou d’une expression en début de phrase, de vers, de paragraphe.
La redondance est le fait d’exprimer plusieurs fois la même chose mais d’une manière différente.
L'hyperbole est une exagération, une expression qui amplifie de manière exagérée une idée, un sentiment.
L'énumération est le fait de dénombrer, de faire la liste d’un ensemble de choses fini.
À ne pas confondre (même si la distinction n’est pas toujours évidente, voire possible) avec l’accumulation qui relève plus de la multiplication, de l’entassement : c’est une suite de mots ou d’expressions qui semble pouvoir être continuée indéfiniment.
La gradation dispose les termes d’un énoncé dans un ordre croissant (ascendante)  ou décroissant (descendante).

Les figures de l’atténuation :

 

La litote est le fait de d’exprimer de manière atténuée, voire négative l’expression de sa pensée (dire le moins pour exprimer le plus).
L’euphémisme est une manière atténuée d’exprimer une idée ou de parler d’une réalité. L’euphémisme s’exprime notamment par le biais de la litote.

ATTENTION : repérer une figure de style en soi n’apporte rien. Elle doit toujours être analysée, expliquée : il faut montrer son intérêt, ce qu’elle souligne ou exprime dans un énoncé !


[1] les procédés rhétoriques est une expression servant souvent à désigner un ensemble plus large de mises en forme.
[2] Le terme image souvent utilisé pour les figures de l’analogie montre bien que les mots employés dans la figure de style ne renvoient pas à la réalité telle qu’elle est exactement ; ils correspondent à l’image que l’on s’en fait.
[3] Figure structurelle : liée à la construction, l’organisation grammaticale.

Un minimum de vocabulaire théâtral

Un minimum de vocabulaire théâtral

Le théâtre est un mot qui vient de la racine grecque théa, « action de regarder », « spectacle, vue , contemplation » : il ne faut jamais oublier que le théâtre est une genre conçu pour être vu, joué sur scène.
Un acte est une division externe de la pièce en parties d’importance sensiblement égale, en fonction du déroulement de l’action.
Une scène est le terme désignant l’espace de jeu et ses dégagements, par rapport à la salle où se tient le public. C’est également la partie, la division d’un acte où il n’est prévu aucun changement de personnage.
L’exposition est l’ensemble des informations fournies dès les premières scènes pour permettre que la situation soit évaluée et l’action comprise.
Une réplique est une réponse à un discours ; riposte ; texte dit par un personnage au cours d’un dialogue.
Une tirade est une longue suite de phrases récitée par un personnage sans interruption ; elle s’adresse en général à un autre personnage.
Un monologue est une scène parlée, à un personnage : c’est un discours apparemment adressé à soi-même, ou à un auditoire dont on n’attend pas de réponse.
Le quatrième mur désigne le mur virtuel qui est supposé exister entre l'espace scénique, les personnages de la pièce et le public ; une interpellation directe du public fait tomber le quatrième mur (l'une des principales convention de mise dans le théâtre classique).
Parler de double énonciation revient à souligner la spécificité du schéma de communication qu'on observe au théâtre (mais aussi, par exemple, dans les romans épistolaires) : les personnages  parlent les uns aux autres mais, à un niveau supérieur, il ne faut pas perdre de vue le lecteur, également destinataire de leurs échanges (ce dont l'auteur a toujours conscience, lui qui nous parle plus ou moins entre les lignes).
Les stichomythies est un ensemble de répliques qui constituent un débat tragique, où les interlocuteurs se répondent de façon symétrique (vers à vers, ligne à ligne….)
La mise en scène est l’ensemble des moyens d’interprétation snique (snographie, musique, jeu…) ; activité qui consiste à agencer ces moyens. Articulation entre le travail d’un maître d’œuvre et celui de chacun des artistes qui concourent à l’œuvre ; transposition – et non traduction – d’une écriture dramatique en écriture snique.
Comédie : Action snique qui provoque le rire par la situation des personnages ou par la description des mœurs et des caractères, dont le dénouement est heureux. Exemple(s) : la plupart des pièces de Molière comme L'Avare, Le Malade imaginaire...
Tragédie : Action snique dont les péripéties sont mues par la fatalité et dont le dénouement est généralement funeste. Exemple(s) : tragédies de Racine (Phèdre, Andromaque…) ou de Corneille
Tragi-comédie : Action snique favorisant la mise en place d’un dispositif tragique, mais dont le dénouement est heureux ; pièce présentant un mélange des genres. Exemple : l'exemple canonique lontemps donné fut celui du Cid (1636-7) de Corneille... aujourd'hui souvent envisagée comme une tragédie.

Vous devez également connaître le sens de didascalies, de fatalité et de fatalisme...
Si vous voyez d'autres mots essentiels à connaître n'hésitez pas à les signaler. La liste n'est pas close et ne prétend pas à l'exhaustivité !

Lectures conseillées

Quelques pistes de lecture en vue de la classe de 1ère


Pou acquérir une culture littéraire un peu plu importante, voici quelques propositions classées par objet d’étude. Certaines lectures sont transversales c’est-à-dire peuvent relever de plusieurs objets d’étude – n° d’un autre objet d’étude parfois indiqué à la suite d’un titre, entre parenthèses. Pour ces œuvres évitez les collections telles que Librio ; privilégiez celles qui comportent des notes explicatives et une préface (à lire !).

(1)    Le personnage de roman, du XVII è siècle à nos jours
17è s.  La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, adaptations à l’écran récentes notables : 1999 : La Lettre de Manoel de Oliveira ; 2011 : Nous, princesses de Clèves de Régis Sauder
18è s.  Les Lettres persanes de Montesquieu (4) ; L’Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut de l’abbé Prévost (assez rapide à lire ; Jacques le fataliste de D. Diderot ; Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, adapté au cinéma par Stephen Frears comme par Milos Forman (Valmont)
19è  s. la liste des romans que vous pouvez lire est longue. Il serait bon de découvrir  a minima les auteurs suivants : Balzac, Stendhal, Flaubert, Zola, Maupassant et, bien sûr, V. Hugo. Propositions : Pour ce qui est de Balzac : La Fille aux yeux d’or qui fait partie de L’Histoire des treize, trilogie tout à fait abordable, ou Le Père Goriot, ou encore Une ténébreuse affaire, à moins que vous ne préfériez La Cousine Bette ou… Stendhal : Le Rouge et le Noir, pavé certes mais accessible ! V. Hugo, outre Les Misérables (très long), on peut lire L’homme qui rit ou Notre Dame de Paris, ou encore Le Dernier jour d’un condamné. Flaubert : Madame Bovary, l’incontournable ! Maupassant : Une Vie. Zola : Au bonheur des dames et L’Assommoir (entre autres) ou encore Thérèse Raquin.
20è s.  Le Grand Meaulnes d’Alain-Fournier, Le Diable au corps de Radiguet, L'Attrape cœur de Salinger Le Sagouin de François Mauriac (facile), La Peste de Camus, L’écume des jours de Boris Vian, Zazie dans le métro ou Les fleurs bleues de Raymond Queneau, Le Ravissement de Lol V. Stein (exemple de nouveau roman) de Marguerite Duras, Les mémoires d’Adrien de Marguerite Yourcenar, La vie devant soi d’Emile Ajar (alias Romain Gary). Plus récents : Patrick Modiano, Annie Ernaux,  Marie N’Diaye, J-M. G Le Clézio, Yasmina Khadra, Tahar Ben Jelloun, Laurent Gaudé, Michel Houellebecq, Nancy Houston, Andreï Makine, Philippe Claudel …  sont des auteurs qui peuvent vous plaire.
Autres lectures fort utiles –y compris pour l’objet d’étude  4 - qui permettent vraiment de joindre l’utile à l’agréable : Fahrenheit 451 de Ray Bradbury (adaptation de F. Truffaut), Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley (et vous regarderez ensuite Bienvenue à Gattaca) ou encore : Pourquoi j’ai mangé mon père de Roy Lewis et La Nuit des temps de René Barjavel.

(2)    Le texte théâtral et sa représentation, du XVIIe siècle à nos jours
17è s. Les pièces de Racine [(3)], Corneille et Molière, sans modération.
18ès. La Dispute, La Double inconstance et/ou L’île des esclaves (4)  de Marivaux ; Le Barbier de Séville et Le Mariage de Figaro (4)  de Beaumarchais.
19ès.  Hernani et Ruy Blas de V. Hugo ; On ne badine pas avec l’amour ou Lorenzaccio de Musset.
20ès.  Ondine et Electre de Giraudoux ; Huis clos (4) de Sartre : Les Justes (4)  de Camus ; Montserrat (4) de Roblès ; La Leçon de Ionesco ; Les Bonnes de Genet ; Fin de partie de Beckett ; Roberto Zucco de B-M Koltès, Michel Vinaver, Jean-Luc Lagarce…
21è s. : Incendies et/ou Forêts de W. Mouawad ; Le crime du XXIè s. d’E. Bond. (Production théâtrale très riche au XXe s.)

(3)    Écriture poétique et quête de sens
16ès. Poèmes de Marot, Ronsard, Du Bellay, Agrippa d’Aubigné… à petites doses pour commencer
17è s.  Fables, Jean de La Fontaine (4)
19è s. Parcourez sans hésitation les recueils poétiques de V. Hugo - Les Contemplations, Les Châtiments (4) -, de Baudelaire –Les Fleurs du Mal et Le Spleen de Paris-, de Rimbaud, de Verlaine –notamment Jadis et Naguère, La Bonne chanson.
20è s. Guillaume Apollinaire –Alcools, Calligrammes-, Paul Éluard (4), Louis Aragon, Jacques Prévert, Raymond Queneau, Henri Michaux, Francis Ponge et bien d’autres …
Pour entrer dans certains univers poétiques et découvrir leurs auteurs grâce à une biographie romancée (et qui se lit vraiment comme un roman !) Je, François Villon (svt considéré comme le 1er des poètes maudits, auteur du 15 è s.)  et Ô Verlaine de Jean Teulé

(4)    La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation du XVIè s. à nos jours
16è s. Discours de la servitude volontaire, Etienne de La Boétie – Les Essais de Montaigne : par extraits à piocher dans les manuels si cela vous intéresse (lecture ardue)
17è s. Maximes de La Rochefoucauld, Caractères de La Bruyère (et aussi : Pensées de Pascal mais difficile d’accès, à envisager par extraits, introduit et annoté comme dans les manuels)
18è s. Les contes philosophiques de Voltaire tels que Candide, L’Ingénu,  Zadig ou la Destinée. Le Supplément au voyage de Bougainville de Diderot.
19è s. Œuvres narratives et poétiques de V. Hugo
20 è s. La mort est mon métier de Robert Merle, Si c’est un homme de Primo, Le Liseur de B. Schlink (Film The Reader) Levi, Allah n’est pas obligé… d’Ahmadou Kourouma ; La question humaine de François Emmanuel ; La Question d’Henri Alleg ; Cette aveuglante absence de lumière de Tahar Ben Jelloun.

Il existe des collections qui proposent des anthologies et rassemblent des textes ; voici quelques titres si vous souhaitez réaliser des lectures tout particulièrement rentables en termes d’investissement/ profit –peu de temps et profit maximal-, à condition de lire les documents d’accompagnement (préface, commentaires brefs et intéressants) : dans la collection GF Étonnants Classiques, on trouve notamment : La Peine de mort (De Voltaire à Badinter) (4), Trois contes philosophiques (Diderot, Saint-Lambert, Voltaire) (4)

Anurag Kashyap, un réalisateur majeur du cinéma indépendant indien

Gangs of Wasseypur  - Part 1, 2h40, sortie : 25 juillet 2012

Le film Gangs of Wasseypur s'ouvre sur les agissements d'un bandit légendaire qui braque les trains sous l'occupation britannique en Inde : Sultana.
Le destin de Sardar Khan, le personnage principal de cet opus, est régi par la vie que son père a menée. En effet, une fois adulte, il n'a de cesse de se venger des affronts que son père a subis, que ce soit de Sultana ou de Ramadhir. Tandis que la famillle de Sultana forme le clan des bouchers, Ramadhir et son fils ont la main mise sur les mines de charbon.
Un homme seul, assoiffé de vengeance, face à deux clans tout puissants, telle est la donne de cet "opus magnum" (1) qui parvient à enchaîner des séquences dans des registres extrêmement variés, tantôt épiques, tantôt lyriques, ou encore satiriques, et souvent teintées d'ironie, notamment grâce à la partition musicale - et aux textes chantés. Usage subversif des codes du "Hollywood masala" (2), ancien nom de Bollywood entre autres caractérisé par son mélange des genres (ou mélange d'épices), l'importance accordée à la famille et le recours à la musique et à la danse...
Deux clans, deux femmes, deux foyers... rien ne semble effrayer Sardar Khan, aussi avide de jouir de la vie que de se venger. Et tant que ce credo reste le sien, rien ne peut l'arrêter dans son ascension qui fait de lui le chef mafieux le plus redouté de Dhanbad. Il appartient à cette sorte de héros qui ne doivent pas rentrer dans le rang. Incarnation vivante d'une Furie vengeresse qui, une fois repue, doit céder la place à une autre !

Bien que ce film relève de la fiction, il s'inspire de faits réels qui prennent pied dans une histoire, celle de l'Inde en construction, tant sur le plan économique que politique. La caméra, souvent mouvante, inscrit les personnages dans un univers réaliste dont la noirceur, la dureté comme les couleurs et les traditions sont partagées avec le spectateur.

Le premier volet s'achève sur une séquence magistrale qui n'a rien à envier aux meilleurs westerns pas plus qu'aux films du Nouvel Hollywood mettant en scène la mafia américaine.

Un film globalement réussi, qui embarque le spectateur dans une fresque dont il ne peut qu'attendre la suite.


                                                   Manoj Bajpai qui interprète Sardar Khan

 ANNEXE :

Anurag Kashyap, un parcours à découvrir : "auteur-réalisateur-producteur-acteur" (1)
Quelques oeuvres notables dans une production déjà prolifique pour ce réalisateur né en 1972

 En tant que réalisateur :
2007 Black Friday
2009 Dev. D et Gulaal
2010 Mumbai Cutting
2011That Girls in Yellow Boots
2012 Gangs of Wasseypur, saga de 5h20 en deux volets, 2è prévu en déc. 2012

En tant que scénariste :
Satya de Ram Gopal Varma
Water de Deepa Mehta
Yuva de Mani Ratnam

En tant que producteur :
Udaan, 2010 ; Peddlers de Vasan Bala
Coproducteur de  The Lunchbox, 2012, de Ritesh Batra

Sa maison de production : Anurag Kashyap Films pvt ltd
 Il a "contribué à créer Phantom Films pour produire des films davantage centrés sur le scénario que sur les stars" (comme à Bollywood en général). (1)

Sources :
(1) Les Cahiers du cinéma, mai 2012. Article traduit de l'anglais de Meenakshi Shedde.
(2) Dictionnaire Mondial du Cinéma, Laroussse, éd.° 2011, article "Bollywood"
Pour une filmo. complète : http://en.wikipedia.org/wiki/Anurag_Kashyap_(director)

 

vendredi 17 août 2012

Laurence anyways de Xavier Dolan, 2012



Je ne connais pas la filmo de Dolan, du moins n'ai-je vu aucun de ses autres films.
Quelle belle surprise !

Imaginez un cinéaste capable de vous plonger dans une époque passée et pourtant récente sans la rendre désuète, de nous faire partager le vécu de ses personnages en exploitant les tubes des années 80/90 sans susciter de nostalgie... bref, rien à voir avec Potiche d'Ozon (dans un tout autre registre il est vrai, mais également très touchant).
Le réalisme ne cesse de flirter avec une perception singulière de la réalité que des plans esthétisants et symboliques rendent sans peine, tel le tourbillon des feuilles d'automne que la photographie tirée du film (ci-dessus) illustre. Le temps alors s'arrête et communique, par des images (et du son !), des sentiments que nous serions bien en peine de nommer exactement. Autrement dit l'image véhicule tout un monde en se passant des mots et la magie du cinéma opère !
Les acteurs sont excellents, même si le jeu outré de Suzanne Clément me touche moins que celui, plus retenu des autres acteurs principaux. Saluons Mélvil Poupaud, plein de grâce, mais aussi Nathalie Baye qui semble avoir parfaitement intériorisé le personnage de cette mère complexe, et décomplexée dans sa relation avec son fils.
Une seule question - qui n'a strictement rien de cinématographique- m'a taraudée une bonne partie du film : pourquoi une femme née dans le corps d'un homme n'a-t-elle de relation amoureuse qu'avec des femmes, sans jamais se déclarer lesbienne (du moins je ne crois pas) ? Est-ce une manière de nous faire sortir des ornières et de faire sortir le specteur de sa vision sexuée de l'humanité ?

Un film à voir, un réalisateur à suivre.... d'autres bien sûr l'ont sans doute perçu dès son premier opus : J'ai tué ma mère.

jeudi 16 août 2012

La Belle Matineuse

Une Belle Matineuse : à la manière de ...

Pour les 1è L qui veulent connaître les sources de Du Bellay dans L'Olive :

Le topos de La Belle Matineuse paraît fréquent dans la littérature italienne de la Renaissance. Dans la poésie française de la Renaissance, en revanche, ce n'est pas un motif aussi fréquent qu'on pourrait le croire ; Yvonne Bellanger qui a écrit : Le jour dans la poésie française au temps de la Renaissance, publié en 1979 déclare [.148-152 ; sur Google books]:

 " les traits caractéristiques du motif de la Belle Matineuse (...) sont au nombre de trois :

1. la scène se passe explicitement au matin, au lever du jour ;
2. il y a affrontement, en tête-à-tête ou devant l'Amant, entre l'Aurore (ou le Soleil) et la Dame ;
3. et la Dame l'emporte.


À cela on pourrait ajouter un quatrième trait qui se trouve chez Du Bellay et chez Ronsard : c'est la honte ou la jalousie du Soleil ou de l'Aurore et sa réaction."
Toujours selon Y. Bellanger, les dizains de Scève ne respectent pas ces trois traits.
En dehors de Du Bellay et de Ronsard, on peut citer des extraits de textes poétiques écrits par Magny qui relèvent du topos de La Belle Matineuse, mais pas des poèmes entiers. ne sont mentionnées que deux allusions dont une "dans les Soupirs (1557), le temps d'un tercet :

L'or de ces beaux cheveux cil des Indes surmonte,
Les rais de ce bel oeil font obscurcir de honte
Les rayons du soleil quand plus clair il reluit.

Texte de Ronsard développant le topos de La Belle Matineuse :


De ses cheveux la roussoyante Aurore
Éparsement les Indes remplissait,
Et jà le ciel à longs traits rougissait
De maint émail qui le matin décore,

Quand elle vit la Nymphe que j’adore
Tresser son chef, dont l’or, qui jaunissait,
Le crêpe honneur du sien éblouissait,
Voire elle-même et tout le ciel encore.

Lors ses cheveux vergogneuse arracha,
Si qu’en pleurant sa face elle cacha,
Tant la beauté des beautés lui ennuie :

Et ses soupirs parmi l’air se suivants,
Trois jours entiers enfantèrent des vents,
Sa honte un feu, et ses yeux une pluie.
                                      Ronsard, Amours, sonnet XCV (1552-1553)


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Au XVII è siècle : Textes de Voiture et de Maleville, souvent étudiés comme exemples types de sonnets développant le motif de "La Belle Matineuse"

 

Vincent Voiture (1598-1648) , La belle Matineuse

Des portes du matin l'Amante de Céphale
Ses roses épandait dans le milieu des airs
Et jetait sur les Cieux nouvellement ouverts
Ses traits d'or et d'azur qu'en naissant elle étale

Quand la nymphe divine à mon repos fatale
Apparut, et brilla de tant d'attraits divers
Qu'il semblait qu'elle seule éclairait l'univers
Et remplissait de feux la rive orientale.

Le Soleil se hâtant pour la gloire des Cieux,
Vint opposer sa flamme à l'éclat de ses yeux
Et prit tous les rayons dont l'Olympe se dore.

L'onde, la terre, et l'air s'allumaient à l'entour.
Mais auprès de Philis on le prit pour l'Aurore
Et l'on crut que Philis était l'astre du jour.

La belle matineuse par
Claude de Malleville (1597-1647)

Le silence régnait sur la terre et sur l'onde,
L'air devenait serein et l'Olympe vermeil,
Et l'amoureux Zéphire affranchi du sommeil
Ressuscitait les fleurs d'une haleine féconde.

L'Aurore déployait l'or de sa tresse blonde,
Et semait de rubis le chemin du Soleil ;
Enfin ce dieu venait au plus grand appareil
Qu'il soit jamais venu pour éclairer le monde,

Quand la jeune Philis au visage riant,
Sortant de son palais plus clair que l'Orient,
Fit voir une lumière et plus vive et plus belle.

Sacré flambeau du jour n'en soyez pas jaloux !
Vous parûtes alors aussi peu devant elle
Que les feux de la nuit avaient fait devant vous.