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mercredi 26 mars 2014

Les Gens d'Edward Bond

Quelques éléments complémentaires au cours sur la pièce Les Gens d'Edward Bond, mise en scène par Alain Françon




Tout d'abord une critique de Léna Martinelli , bon point de départ pour se remettre un peu la pièce en tête, mais aussi pour confronter sa propre opinion à la lecture de cette pièce proposée ici.
 "Une sombre méditation sur la mort" :
http://www.lestroiscoups.com/article-les-gens-d-edward-bond-critique-theatre-gerard-philipe-a-saint-denis-122337161.html

À la rencontre de l'auteur :

Tout d'abord, voici sur Youtube une vidéo très brève, de 2 mn 20, constituée, par alternance, d'extraits de la pièce et de paroles de l'auteur.
 
À la question suivante : "Où est l'espoir dans vos pièces ?", E. Bond dit répondre deux choses :
  • premièrement : une citation de Dostoïevski : "Seuls les gens petits d'esprit veulent de l'espoir."
  • deuxièmement : mon espoir est dans les spectateurs
Reportage d'Arte journal, du 17/01/2014 : le théâtre radical d'Edward Bond, en 2 mn 33.
http://www.arte.tv/fr/le-theatre-radical-d-edward-bond/7765426,CmC=7765466.html
Bon à noter :
  • La journaliste évoque le théâtre de Bond en ces termes : " Un voyage au bout de l'enfer dans un monde de folie et de mort."
  • Edward Bond pour sa part, après avoir évoqué de grandes oeuvres tragiques telles qu'Hamlet ou encore Phèdre, déclare : "Donner au public du divertissement revient à trandsformer l'être humain en marchandise. Je ne suis pas venu au monde pour être diverti. Je veux plus."

mardi 18 mars 2014

Les Justes, théâtre et représentation

LES JUSTES de Camus, une pièce jouée en 2010


 
La mise en scène de la pièce de Camus, Les Justes (1949), par Stanislas Nordey en 2010 a fait grand bruit. D'abord parce qu'il s'agit d'un metteur en scène réputé mais aussi du fait des comédiens avec lesquels il a travaillé , notamment Emmanuelle Béart (dans le rôle de Dora) et Wajdi Mouawad, le comédien et auteur dramatique libano-franco-canadien, auteur d' Incendies, dans le rôle de Stepan.


Un lien pour visionner un extrait du spectacle :

http://www.arte.tv/fr/theatre-les-justes-de-camus/3109434,CmC=3109310.html


Emmanuelle Béart et Wouajdi Mouawad.
 
    Autre lien ci-dessous : Petite lecture de Stanislas Nordey d'une partie de l'extrait 2 étudié en classe : la justification donnée par Kaliayev pour ne pas avoir lancé la bombe.
 
Sur le site - de référence - theatrecontemporain.net vous pourrez regarder cinq vidéos où Stanislas Nordey expose sa conception de la mise en scène des Justes. Le lien est :
 
 
Et si vous voulez en savoir un peu plus sur Camus et son intérêt pour Les Possédés, roman de Dostoïevski, qu'il a adapté pour le théâtre, vous pouvez regarder cette interview de Camus lui-même. Dans Les Possédés, il est question de Netchaïev et du meurtre de l'étudiant Ivanov, dont nous avons parlé en classe - à travers l'évocation du nihilisme et le personnage de Stepan.

mercredi 9 janvier 2013

Incendies de Denis Villeneuve

RéalisationDenis Villeneuve
ScénarioDenis Villeneuve
adapté de la pièce de Wajdi Mouawad
Acteurs principaux
Sociétés de productionMicro Scope
Pays d’origineDrapeau du Canada Canada
GenreDrame
Sortie2010
Durée130 minutes [Source : Wikipédia]


Nawal

 

La structure du film :

Partie 1 : Les jumeaux [Jeanne et Simon] : à la lecture du textament de leur mère, ils découvrent qu'ils ont un père et un frère encore vivants, auxquels ils sont supposés remettre une lettre. Colère de Simon. Époque actuelle.

Partie 2 : DARESH. Au pays d'origine de Nawal : séquences alternées de Nawal dont on découvre la jeunesse - l'enfant illégitime né au village et confié à un orphelinat -, l'éducation tardive, le retour sur les traces de " l'orphelin " en pleine guerre civile, si bien qu'elle ne parvient pas à le retrouver. Différence avec la pièce : dans l'une des premières séquences on nous montre les frères de Nawal tuant son amoureux Wahab (avec qui elle voulait s'enfuir). Leurs adieux déchirants et la promesse de chérir l'enfant à venir ne sont pas échangés comme dans la pièce.
Épisode sanglant du bus qui explose ; Nawal ne parvient pas à sauver une petite fille, abattue devant ses yeux. Elle n'est épargnée que parce qu'elle est chrétienne. Le pays est déchiré.

Partie 3 : Le Sud. Jeanne recherche activement son père qu'elle croit être Wahab. De retour dans le village de sa mère, elle apprend qu'elle n'est pas la bienvenue : sa famille a été frappée de la " honte ".

Partie 4 : DERESSA. Retour sur Nawal : "Je suis arrivée à la fin du massacre des réfugiés du camp de Deressa." Elle dit qu'elle veut " enseigner ce qu'elle a appris à l'ennemi."
Ellipse : elle est devenue le professeur particulier d'un enfant dans une famille aisée, protégée militairement. Elle tue le père en l'abattant presque à bout portant. Elle est alors emprisonnée dans une cellule minuscule, la fameuse cellule 72.

Partie 5 : KFAR RYAT - du nom de la prison où elle est restée quinze ans.
Jeanne visite la prison et rencontre un ancien gardien ; parlant de sa mère, il déclare : "C'est la femme qui chante (...). Elle a assassiné le chef des milices de la droite chrétienne. (...) Elle n'a jamais plié." Première évocation d'Abou Tarek, son tortionnaire ; propos tragique : "parfois il vaut mieux ne pas tout savoir." Mise en garde inopérante ! Abou Tarek "l'a brisée à répétition pour qu'elle arrête de chanter." Jeanne croit que la grossesse évoquée par le gardien - suite au viol de Nawal par son tortionnaire - explique la naissance de leur frère (paroles à Simon qu'elle tient au courant à distance).
Passé : Nawal en prison souffre.
Présent : Simon avec le notaire." J'vas chercher masoeur, c'est tout." Le notaire Jean Lebel l'accompagne : " une promesse, pour un notaire, c'set de l'ordre du sacré."
Passé (2) de Nawal au Canada : sur son lit de mort, murmurant au notaire des paroels inaudibles pour le spectateur. Puis au bureau, on le voit clore des enveloppes.
Passé de Nawal à Kfar Ryat (1) : Viol suggéré. Ellipse. Nawal enceinte. Ellipse. Accouchement. Le spectateur découvre qu'il s'agit de jumeaux. Enfants transportés de nuit à la rivière mais finalement sauvés pcq ce sont " les enfants de la femme qui chante."
Présent : Jean et Simon : arrivée au pays ; aide d'un notaire local grâce à Jean. Jeanne se rend à l'hôpital où travailel une infirmière qui a aidé sa mère à accoucher en prison. Révélation : elle a redonné ses enfants à Nawal Marwan quand elle sortie de prison. Enchaînement brutal avec la nage exutoire des jumeaux à la piscine.

Partie 6 : NIHAD. Passé (entre 1 et 2) : Courses d'enfants dans les rues pleines de décombres : enfants dégommés par u nsniper isolé qui tire du haut d'un immeuble. Mystère.
Présent : Info. recueillies sur l'enfant abandonné à l'orphelinat de Kfar Kout : Nihad. Pas d'adoption. Sur ses traces... : cheminement des enfants qui marchent sur les pas de leur frère et de leur mère.Chef de guerre qui a détruit cet orphelinat : Chamseddine, toujours vivant. Ils vont au camp de Deressa afin de trouver "Nihad de Mai ", fils de "la femme qui chante ". reprise notable de ces expressions de Wajdi Mouawad, qui contribuent à la force lyrique de l'oeuvre.
Passé (1) : Nawal dans une voiture. Un homme parle : " Tu as besoin d'aide. (...) Je serai toujours là pour toi et tes enfants."

Partie 7 : CHAMSEDDINE
Rendez-vous fixé à Simon qui doit s'y rendre les yeux bandés. Chamseddine a bien connu Nawal qui a travaillé pour lui. Tête à tête des deux hommes. À propos de l'orphelinat : "J'ai épargné les enfants (...) Nihad était parmi eux. (...) à part (...) un tireur redoutable (...) Devenu un fou de guerre, devenu franc-tireur, le plus dangereux de la région. " Fait prisonnier, il a été formé et est devenu un bourreau dans le camp des chrétiens. L'entretien se poursuit.
Séquence : Simon et Jeanne : 1+1 = 1
Passé (2) Nawal à la piscine, quelques années  avant sa mort : elle reconnaît son bourreau comme étant également son fils : il porte les marques que la grand-mère de Nawal lui avait faites au pied. Diiférence avec le livre dans le mode d'identification du fils ; il n'est pas question de procès ici, comme si le bourreau avait pu continuer à vivre en toute impunité. Plongée dans le silence dont elle ne sortira que sur son lit de mort pour donner ses instructions testamentaires.
Présent : retour sur la révélation de Chamseddine : Nihad de Mai est Abou Tarek. Il vit au Canada sous une nouvelle identité (la boucle est bouclée !).
Jeanne et Simon retrouvent Nihad et lui remettent les lettres
Jeanne et Simon chez le notaire prennent connaissance d'une lettre qui leur est adressée : la Lettre aux jumeaux. Une promesse : celle de " briser le fil de la colère " (dans la pièce de théâtre c'est une promesse que Nawal fait à sa grand-mère en acceptant d'être instruite). Leitmotiv de la pièce exprimé : " Rien n'est plus beau que d'être ensemble."
Séquence finale : le cimetière ; l'inscription sur la pierre ; acte final qui signifie le repos de Nawal et la réconciliation des générations.

Les promesses ont été tenues !

mardi 11 décembre 2012

(1) Rédiger une préface d'anthologie poétique

Voici quelques extraits de préfaces réussies pour la composition d'anthologies baudelairiennes

 Les élèves ont choisi entre 4 et 6 textes tirés des Fleurs du Mal et les ont introduit en rédigeant une préface.

Le travail de Ségolène : ANTHOLOGIE (1)

[intro, non donnée]

   Notre anthologie s’ouvrira sur le poème « Obsession », dans lequel le poète se sent opprimé par les ténèbres du monde dans lequel il vit et où sa haine est grandissante. Il exprime un malaise très présent qui fait naître le spleen, la nostalgie et la haine.
Nous poursuivrons notre étude avec le poème « L’Horloge», dans ce poème le poète exprime son angoisse face au temps qui passe. Dans cet anthologie, ce poème est illustré par un tableau de Harmen Steenwijck intitulé Vanité (1640).
Nous verrons également dans « L’Ennemi » que le poète prend conscience que le temps et l’ennui ne lui sont pas favorables. Il associe le temps aux saisons. Baudelaire regrette que celui-ci passe trop vite, quil lempêche de finir ce quil a commencé.
Puis nous continuerons avec « Le Goût du Néant » où le poète s’habitue à l’ennui qui le hante. C’est un poème frappé de désespoir, personnel et particulièrement lyrique.
Enfin, nous fermerons cette anthologie baudelairienne sur « Spleen » « Je suis comme le roi d’un pays pluvieux,… »; Baudelaire y exprime son ennui auquel il n’y a qu’une fin funeste. Ce poème est également illustré, ici par l’« Enfant géopolitique observant la naissance de l’Homme nouveau », peinture de Salvador Dalì.
Notre anthologie illustre donc le thème du temps qui passe et qui laisse derrière lui le spleen, la mélancolie, parfois la nostalgie qui inspirent le poète et le conduisent dans un voyage d’idéalisation et d’exploration de la misère de l'homme.
Dans un premier temps nous définirons les caractéristiques du spleen baudelairien. Puis dans un second temps, nous verrons que le Temps anéantit le poète, qui laisse place à la mélancolie. Enfin, dans un dernier temps nous verrons que la poésie est, pour Charles Baudelaire, un moyen d’exister même si ce doit être au milieu des souffrances de la vie.
    
 
« Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins;
Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes ! »
 
L’Élévation, section Spleen et Idéal, Les Fleurs du mal 
de Charles Baudelaire.

 
« Mélancolie » de Domenico Fetti (1588-1623), c’est une huile sur toile datant, environ, de 1622. Ses dimensions sont de 179 cm sur 140 cm. Ce tableau se trouve à la Galerie de l’Académie de Venise.
   

Baudelaire écrit, dans "Mon Cœur mis a nu", un de ses journaux intimes qui a été publié :  
«Tout enfant, j'ai senti dans mon cœur deux sentiments contradictoires : l'horreur de la vie et l'extase de la vie.». Le spleen baudelairien est très caractéristique. Il représente l’ennui profond de l’être humain face aux événements de la vie. Le poète dans un état de spleen manifeste un tempérament nostalgique, une grande tristesse face à l’environnement dans lequel il évolue. Une variante à ce spleen est-ce que Baudelaire appelle la mélancolie. Cet état d’âme place le sujet, ici le poète, dans l’obsession du passé, l’angoisse de l’avenir, et donc l’incapacité de vivre le présent. La fuite du temps devient alors une obsession, une angoisse et même un ennemi pour le poète.
Les poèmes de Baudelaire présentés dans l
anthologie qui suit évoquent principalement le spleen, la mélancolie face au temps qui passe inexorablement. Les caractéristiques du spleen baudelairien sont parfaitement bien présentées dans le poème « Spleen », « Je suis comme le roi dun pays pluvieux, ». Dans ce poème, le poète est représenté par le roi. Ce roi gouverne un royaume « pluvieux » (vers 1), où la pluie et le froid semblent être constants. On retrouve cet état qui dur au vers 17, auquel on ne fait plus allusion au pays mais au « cadavre hébété » que lon ne peux réchauffer. Le poète/roi est si profondément ancré dans son ennui que rien ne peut len sortir. Le roi demeure incapable de sentiment, de désir, rien ne réussit à le distraire, ni la chasse (vers 5), ni le « bouffon» (vers 7) pas même « son peuple mourant » (vers 6). C'est un « cruel malade » (vers 8), et cette cruauté est le fruit de son ennui. Cet ennui affaiblit et finira par anéantir le poète. Dans ce poème cet anéantissement est traduit par la mort, on le perçoit par les termes croissant du « cruel malade » (vers 8), qui devient un « jeune squelette » (vers 12) et enfin un « cadavre hébété » (vers 17). On sent ainsi le poids du temps qui pèse sur le poète confronté au spleen.On voit donc que le spleen installe langoisse et la douleur dans lesprit du poète qui ne peut les fuir. Ce sentiment dimpuissance face à lennui est également repris dans le poème « LHorloge » avec les vers 3 et 4 : « Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi / Se planteront bientôt comme dans une cible; ». Ces vers expriment le fait que le poète ne peux pas échapper au méfaits du temps et a lennui qui le hante.
Le spleen baudelairien se traduit aussi et surtout par la hantise du temps qui passe. Ainsi dans « LHorloge » Baudelaire réduit la vie humaine à une seule saison, et donc la durée de vie, alors que la tradition poétique associait les quatre saisons à la vie. Le printemps représentait la jeunesse, lété figurait lâge mûr, lautomne la vieillesse et enfin lhiver revoyait à la mort. Cette durée de vie, déjà limitée par le poète, est dévorée par le temps (vers 7). On peut alors rapprocher ce poème des vers 10 à 12 du poème « Le Goût du néant » ou encore de la dernière strophe de « LEnnemi ».
Le spleen conduit le poète à chercher alors « le vide, et le noir, et le nu » (vers 11, dans le poème « Obsession »)
 
 
Anthologie Baudelairienne
   
Obsession
1 Grands bois, vous m’effrayez comme des cathédrales;Vous hurlez comme l’orgue; et dans nos cœurs maudits,
Chambres d’éternel deuil où vibrent de vieux râles,
Répondent les échos de vos De profundis.
5 Je te hais, Océan ! tes bonds et tes tumultes,Mon esprit les retrouve en lui, ce rire amer
De l’homme vaincu, plein de sanglots et d’insultes,
Je l’entends dans le rire énorme de la mer.
Comme tu me plairais, ô nuit ! sans ces étoiles
10 Dont la lumière parle un langage connu !Car je cherche le vide, et le noir, et le nu !
Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles
Où vivent, jaillissant de mon œil par milliers,
Des êtres disparu aux regardes familiers.
 
 
L’Horloge
1 Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : « Souviens-toi ! 

Les vibrantes Douleurs dans ton cœur plein d’effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible;
5 Le Plaisir vaporeux fuira vers l’horizonAinsi qu’une sylphide au fond de la coulisse;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
À chaque homme accordé pour toute sa saison.
Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
10 Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voixD’insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !
Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor ! (mon gosier de métal parle toutes les langues.)
15 Les minutes, mortel folâtre, sont des ganguesQu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or !
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, à tout coup ! C’est la loi.
Le jour décroît; la nuit augmente, souviens-toi !
20 Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide.Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard,
Où l’auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le Repentir même (oh ! la dernière auberge !),
Où tu te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! 


 
L’Ennemi
1 Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage, Traversé çà et là par de brillants soleils;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
5 Voilà que j’ai touché l’automne des idées, Et qu’il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
10 Trouveront dans ce sol lavé comme une grèveLe mystique aliment qui ferait leur vigueur ?
- Ô douleur ! ô douleur ! Le temps mange la vie,
Et l’Ennemi qui nous ronge le cœur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
 
 
 
Le Goût du Néant
1 Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte, L’Espoir, dont l’éperon attisait ton ardeur,
Ne veut plus t’enfourcher ! Couche-toi sans pudeur,
Vieux cheval dont le pied a chaque obstacle butte.
5 Résigne-toi, mon cœur; dors ton sommeil de brute.Esprit vaincu, fourbu ! Pour toi, vieux maraudeur,
L’amour n’a plus de goût, non plus que la dispute;
Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte !
Plaisirs, ne tentez plus un cœur sombre et boudeur !
10 Le Printemps adorable a perdu son odeur ! Et le temps m’engloutit minute par minute,
Comme la neige immense un corps pris de roideur;
Je contemple d’en haut le globe en sa rondeur
Et je n’y cherche plus l’abri d’une cahute.
15 Avalanche, veux-tu m’emporter dans ta chute ? 
 
Spleen
1 Je suis comme le roi d’un pays pluvieux, Riche, mais impuissant, jeune et pourtant très vieux,
Qui, de ses précepteurs méprisant les courbettes,
S’ennuie avec ses chiens comme avec d’autres bêtes.
5 Rien ne peut l’égayer, ni gibier, ni faucon, Ni sont peuple mourant en face du balcon.
Du bouffon favori la grotesques ballade
Ne distrait plus le front de ce cruel malade;
Son lit fleurdelisé se transforme en tombeau,
10 Et les dames d’atour, pour qui tout prince est beau,Ne savent plus trouver d’impudique toilette
Pour tirer un souris de ce jeune squelette.
Le savant qui lui fait de l’or n’a jamais pu
De son être extirper l’élément corrompu,
15 Et dans ces bains de sang que des Romains nous viennent,Et dont sur leurs vieux jours les puissants se souviennent,
Il n’a su réchauffer ce cadavre hébété
Où coule au lieu de sang l’eau verte du Léthé.

L’illustration renvoie au poème « Spleen » « je suis comme le roi d’un pays pluvieux,… » dans son intégralité. 


Tableau de Salvador Dalì intitulé « Enfant géopolitique observant la naissance de l’Homme nouveau » datant de 1943. C’est une huile sur toile, de dimension 46 cm sur 52 cm. Ce tableau se trouve au Salvador Dalì Muséum St Petersburg, en Floride (États-Unis).
 

  
 
 

(2) Rédaction de préface pour une anthologie poétique

Voici quelques extraits de préfaces réussies pour la composition d'anthologies baudelairiennes

 Les élèves ont choisi entre 4 et 6 textes tirés des Fleurs du Mal et les ont introduit en rédigeant une préface.

 Le travail de Marion, ANTHOLOGIE (1) : son introduction, sensible et intéressante

Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire est une œuvre poétique qui pousse le lecteur dans ses retranchements intérieurs, elle est tellement sincère et franche que Baudelaire sera trainé en justice en 1857. De ce fait, et après la censure de plusieurs poèmes du recueil, le poète a du remanier et transformer son œuvre à maintes reprises, il n’a d’ailleurs jamais pu réellement terminer son travail et y mettre un point final.
Dans son recueil, Baudelaire couche sur le papier ses émotions, ses sentiments, ses peurs… Mais ses poèmes sont avant tout adressés directement aux lecteurs, ils parlent de tourments communs, de plaisirs universels. Le poète tente, au travers de ses écrits, de nous montrer sa propre vision du monde et de redéfinir le bien et le mal. Nous partageons les mêmes souffrances parce que nous sommes humains, et c’est pour cela que Baudelaire touche tout le monde (en bien ou en mal) au travers de ses textes. Il ne s’interdit aucun sujet et parle de la mort, de la vie, de l’ennui, de l’amour, du désir, de la souffrance… C’est en parlant ainsi de la condition humaine que le poète nous rapproche de lui. Dans son poème « Au lecteur » il dit du lecteur qu’il est « – [son] semblable, – [son] frère ! ».
Dans « Spleen et Idéal », Baudelaire traite des deux extrêmes de nos émotions : la tristesse, la mélancolie profonde, et l’extase. On peut le voir notamment au travers de ses textes sur les femmes, la passion, le désir et l’amour. Ce sont particulièrement ces genres de poèmes qui lui valurent la censure. On trouve également beaucoup d’exotisme dans les poèmes de Baudelaire dû en partie à son voyage forcé vers l’Inde en 1841 à l’âge de 20 ans. Sa manière de traiter le sujet des femmes est empreinte de cette touche étrangère, les poèmes « Parfum exotique » ou « A une dame créole » montrent très bien l’influence que son voyage a eu sur son écriture. Les décors mis en place en sont les parfais témoins : « une île paresseuse », « verts tamariniers », « charmants climats »… Dans les poèmes de « Spleen et Idéal » on retrouve une idée importante dans l’œuvre Baudelairienne : le passage de la réalité (du corps) à l’esprit.
Les textes choisis pour cette anthologie permettent de mettre en évidence ces aspects des poèmes de Baudelaire. Individuellement ou associés ils expriment les différentes phases émotionnelles Baudelairiennes : l’idéal et le spleen, le corps et l’esprit ; mais aussi les différents cadres : l’univers quotidien et l’univers exotique.

Le travail de Ségolène : ANTHOLOGIE (2) - cf autre message

Le travail de Mélanie, ANTHOLOGIE (3) : extrait 

Le tableau décrit par Baudelaire dans « Parfum exotique » n'est pas sans rappeler l'univers paradisiaque de « La vie antérieure ». Effectivement, la description des paysages met en avant la splendeur, l'exotisme. C'est un univers coloré, où se mêlent l'azur du ciel et les couleurs du soleil couchant. C'est un monde de lumière. Ces deux textes sont en fait comme des toiles où seraient peints des « rivages heureux ». Quand vous lirez « La vie antérieure » et « Parfum exotique », vous ressentirez le calme et la sérénité du poète : « C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes ».
Dans ces deux poèmes, la beauté des paysages et l'harmonie de la nature semblent représenter l'Idéal. Même si, je l'admets, à la fin de « La vie antérieure », le poète retombe dans le Spleen.

Le rêve, Henri Rousseau, 1910
« Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux »
Les cinq poèmes que j'ai choisis ont pour thème commun la mer. Néanmoins, Baudelaire ne le traite pas toujours de la même manière.
Vous serez étonnés par la façon dont il utilise, dans « La musique », la métaphore filée du voyage maritime pour nous faire part de son ressentit lorsqu'il écoute de la musique : « La musique souvent me prend comme une mer ! ». L'écoute d'un morceau de musique devient un voyage en voilier. Le mouvement de la mer correspond aux variations de la musique mais aussi au passage entre Spleen et Idéal. Le poème se conclue sur l'image du miroir : la mer reflète l'état d'âme du poète.
Cette image est reprise dans « L'homme et la mer ». Ce poème montre la fascination de Baudelaire pour la mer qu'il croit à notre image. L'homme et la mer sont mis face à face : « La mer est ton miroir ». Cependant, bien qu'ils soient « frères », ils ne cessent d'être en conflit.
Il utilise la mer dans son sens propre. Elle fait partie des paysages paradisiaques évoqués dans « La vie antérieure » et « Parfum exotique ».
Pour finir, il se dégage des cinq poèmes que je vous invite à lire une impression de liberté et souvent aussi de protection grâce à la représentation de la mer. En effet, les premiers vers de « La vie antérieure » et de « La musique » donnent immédiatement une sensation d'espace : « dans un vaste éther ». De plus, on trouve le champ lexical de la liberté dans le poème « L'homme et la mer » : « Homme libre, toujours tu chériras la mer ! ». L'île de « Parfum exotique » peut évoquer le paradis originel, un lieu protecteur et le port représente un refuge mais aussi une ouverture vers le monde, un moyen de s'évader. Enfin, dans son poème « Le serpent qui danse », Baudelaire s'évade « comme un navire qui s'éveille ».

J'aime cette idée de liberté. Liberté de lire, d'écrire, de voyager...
 

Stéphane Braunschweig, rencontres

Stéphane Braunschweig est un metteur en scène de théâtre qui dirige le Théâtre de la Colline à Paris – où il a pris la suite d’Alain Françon – depuis janvier 2010.

Quels auteurs privilégiés a-t-il déjà montés sur scène ? Shakespeare, Eschyle, Sophocle, Tchekhov, Ibsen, Molière et quelques auteurs contemporains tels qu’Olivier Py. Dans son théâtre, il montre surtout des pièces d’aujourd’hui et remonte jusqu’à la fin du XIXè s., le début du XX è avec des auteurs tels que Tchékhov ou Ibsen qu’il considère comme les premiers modernes. Travail dans la continuité de celui de Françon qui a amené plus d’ouverture au théâtre de la Colline. Braunschweig fait en outrepartie d’un groupe de lecture –et de réflexion-  sur l’écrit contemporain.
Six personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello est la première création dramatique extérieure depuis cette prise de fonction, s’il on excepte les mises en scène d’opéras, fort nombreuses dans la carrière de S. Braunschweig (Bartók,  Verdi,  Debussy…)
Les guillemets signalent que les expressions citées sont directement empruntées à Stéphane Braunschweig, dans les propos qu’il a tenus soit dans l’émission « Avignon, écritures contemporaines » le 8/12/2012 (1) – 15 premières minutes de l’émission -, soit lors du « Grand Entretien » de la Grande Table 2è partie, le 06/09/2012, entretien mené par Caroline Broué (2) –durée 34’23’’. Ces deux émissions peuvent être chargées et écoutées grâce aux liens indiqués en bas de page. L’émission (2) offre deux extraits audio de la pièce, l’un à 16’07, l’autre à 19’09.
Le point de départ de la pièce : Ce qui a plu au metteur en scène : « l’idée géniale de ces personnages qui cherchent un auteur ».
La pièce s’ouvre sur une sorte de  prologue : les comédiens s’interrogent jusqu’à ce qu’un groupe de personnages apparaisse. Tous ces échanges sont l’occasion d’une réflexion sur le théâtre d’aujourd’hui.
Braunschweig rappelle que ces personnages n’ont sans doute pas cessé d’obséder Pirandello et qu’en même temps, il ne parvenait pas à les inscrire dans une histoire, un récit, alors « il les a abandonnés ». Les six personnages débarquent sur le plateau et se confrontent à une troupe de comédiens. Pirandello les a donc finalement repris pour cette pièce qui pose le problème de la création dramatique.
Point important à noter : contrairement à chez Pirandello, l’auteur revient dans la pièce. (cf nouvelle édition du texte revu par le metteur en scène et publié aux Solitaires intempestifs)
Le théâtre de la Colline offre dans sa saison 2012-2013 plusieurs  spectacles qui mettent l’art et l’artiste au cœur du spectacle  et qui s’interrogent sur la fonction de l’art. Selon le metteur en scène, c’est sans doute dans l’air du temps : les élections présidentielles sont récentes, nous sommes en temps de crise … la question de la nécessité de l’art mérite d’être posée et réaffirmée.
Extrait de la pièce : « J’ai peur (…) [est-ce que] ça a encore du sens de travailler sur des textes ? » L’importance de l’écriture de plateau est soulignée, et pourtant le metteur en scène [de la pièce, dans la mise en abyme] déclare : «  je ne veux pas abandonner l’auteur,  je ne  peux pas. » Caroline Broué (la journaliste) se demande si ces interrogations reflètent celles de S. Braunschweig. Réponse : « C’est vrai que ce que dit le metteur en scène, je pourrais le dire, y compris le « j’ai peur » » : il a envie de mettre sur le plateau les questions qu’il se pose tous les jours quand il travaille.
Chaque nouveau spectacle est l’occasion de se demander : « Qu’est-ce que je vais faire ? Qu’est-ce que je vais raconter ? » Pour la journaliste cela pose la question : « Qu’est-ce que le théâtre dans notre société ? »
Pour Braunschweig  l’opposition entre texte ou pas texte (et donc plateau) est assez factice.
Il réfléchit lui-même sa scénographie et n’hésite pas ici à souligner la dimension réflexive du spectacle[1] par des éléments du décor ; en outre, il utilise, comme un outil à sa disposition – auquel il a eu recours dans un autre spectacle, dès 1993 -, la vidéo qui, ici, sert le propos : la question de savoir ce qui est propre au théâtre et de ce qui le distingue du cinéma est posée au moment où la vidéo surgit dans le spectacle. Pour Braunschweig  l’un des intérêts de la vidéo est ici de dédoubler les personnages ; les petits interludes créés à ce se sujet n’existent pas chez Pirandello.

Le texte monté n’est pas exactement celui du prix Nobel de littérature italien ; c’est une adaptation, un texte en partie réécrit. S. Braunschweig a déjà traduit des textes, mais plutôt des textes allemands. Il éprouve un vrai plaisir à le faire : à rendre la pensée de l’auteur dans une langue d’aujourd’hui. Contrairement à ce que peuvent faire croire certaines des traductions de Pirandello, sa langue n’est pas très sophistiquée. C’est aussi ce que le metteur en scène a voulu faire apparaître. Le texte de Luigi Pirandello continue à servir de base de travail : Braunschweig l’a en partie retraduit mais il a également développé une écriture de plateau avec ses comédiens qui ont improvisé à partir des principales situations mises en œuvre dans la pièce. « Je suis parti de mes doutes, de mes questionnements. Avec les comédiens on est parti d’improvisations » à partir de l’idée de départ de la pièce. Braunschweig a souhaité que les personnages aient une ambiguïté, qu’ils aient vraiment l’air de personnages imaginaires… Attention : c’est bien un travail d’adaptation, une sorte d’interprétation de la pièce que Braunschweig en a fait, pas une réécriture complète.
Pirandello était un auteur très critique à l’égard du théâtre de son temps, un théâtre dont S. Braunschweig rappelle qu’il était bourgeois, très hiérarchisé (avec un premier grand rôle, le second rôle etc.) et consensuel : c’est un théâtre qui veillait à ne pas froisser le public et qui même cherchait à le flatter.
L’une des questions qui traverse la pièce est celle de la pudeur et de l’impudeur, du besoin des gens d’exposer leur intimité. Pour Braunschweig, dans le monde d’aujourd’hui, cela peut renvoyer aux gens qui exposent leur intimité via les réseaux sociaux ou les Reality Show (1) et (2). Cela pose le problème de l’image qu’on veut donner de soi : d’un côté, on prêche la transparence, de l’autre on ne donne finalement à voir de soi qu’une « belle intimité » -ce qui relève de l’artifice.
À quoi sert donc le théâtre ? Quelle que soit la pièce, on s’adresse toujours à un public d’aujourd’hui. Le travail du metteur en scène, c’est « faire résonner la pièce avec le présent », que ce soit une pièce actuelle ou ancienne. Une des fonctions du théâtre, c’est de « faire résonner le passé dans le présent ».
« Être artiste c’est avoir des doutes mais aussi des convictions. Une de mes convictions est qu’on a besoin des auteurs aujourd’hui parce qu’ils portent un regard singulier sur le monde » – quels que soient les auteurs dont on parle : tous genres et arts confondus. »
« La représentation c’est aussi du présent ; il faut que quelque chose se passe sur le plateau. »

 

Petit plus : la chronique de Rab'hati qui a recueilli certains  propos de S. Braunschweig le lundi 10/12, à l'occasion de la Rencontre "Grand Témoin" organisé par la Comédie de Valence.

Vous n'avez jamais voulu être acteur ?
"J'ai essayé, mais à la réplique suivante, je me suis remplacé, le désir d'être acteur n'a jamais été là !"
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Bernard Sobel et Antoine Vitez.
On peut être influencé par ses "pères" (ou ses pairs !!) sans même avoir aimé tous leurs spectacles.
 À propos de Sobel (1) : du classique, mais très grand déchiffreur des textes du passé ; très généreux. À propos de Vitez (2) : un très gand metteur en scène !
Vous mettez toujours des questions dans vos pièces. Serait-ce parce que la pièce vous pose des questions ?
Le théâtre que je fais est rempli de questions. Mon but : monter des pièce qui font sens (...) j'essaie de faire résonner la pièce avec des états psychiques de la société.
EN VRAC :
J'essaie de monter des pièces qui pour moi sont énigmatiques.
J'aime que le spectateur mène une enquête.

(1) Bernard Sobel : Bernard Sobel, de son vrai nom Bernard Rothstein est un metteur en scène et réalisateur né en 1935.
(2) Antoine Vitez, né à Paris le 20 décembre 1930 et mort à Paris le 30 avril 1990, est un metteur en scène de théâtre et un personnage central et influent du théâtre français d'après-guerre, notamment pour son enseignement du théâtre.


[1] La dimension réflexive du spectacle renvoie surtout au fait qu’il fait réfléchir sur le genre théâtral.

dimanche 14 octobre 2012

Apparition d'un visage et d'un compotier sur une plage de S. DALI

Apparition d'un visage et d'un compotier sur une plage de S. DALI

Éléments d'analyse du tableau :

Qu’est-ce que le titre n’indique pas et qui pourtant apparaît de manière saugrenue à l’image ?
Un chien qui occupe toute la partie supérieure de la toile.

Points notables quant à la composition de l’ensemble ?
Le sable blanc encadre ce qui apparaît, les objets dessinés créant une espèce de parallélogramme central plus le visage qui apparaît en surimpression.  Les objets sont tout à la fois disposés en surimpression et entremêlés. Tout ce qui apparaît et peut paraître singulier, voire extraordinaire, en ce lieu est central.

Quels objets apparaissent en creux, comme reproduits en miniatures ?
Le compotier en B3, le visage en C3.

Quel type/genre de peinture cette œuvre exploite-t-elle tout en détournant voire en dépassant leurs codes ?
Aux genres du portrait du fait du visage, central, mais aussi au genre des vanités et plus précisément de la nature morte.

Quels motifs ou thèmes pouvez-vous dégager de ces objets (en lien avec le surréalisme)  ?
Le désir qui peut être rattaché au chien de chasse et à la faim, comme aux corps (l’un de femme, l’autre masculin, tous deux nus), à la chevelure, sachant que les désirs s’opposent à la pauvreté et au dénuement suggéré par d’autres personnages… le rêve et l’inconscient du fait du motif de l’apparition et du personnage allongé au sol, comme si le rêve émanait de lui…

Objets pouvant avoir une portée symbolique ?
La corde, rompue à ses deux extrémités, symbole de liberté ; le compotier qui assez paradoxalement est un objet emprunté à la vie quotidienne qui coïncide avec le front d’une figure plutôt féminine : une « image-collision » comme celles chères aux surréalistes. Cf Clair de terre, « L’union libre » de Breton.

Comment peut-on caractériser cet univers ?
Cet univers est onirique et paradoxal. Il parvient à associer la lumière et les ténèbres, la blancheur et les couleurs dans les tons ocres, autrement dit la froideur et la chaleur. Il suscite de nombreuses questions auxquelles il serait impossible de répondre totalement. Son opacité est recherchée.

Pour finir une citation de Pierre Brunel à propos de l’œuvre de Dali dans L’imaginaire du secret, 1998 : 
«Sa peinture joue sur la multiplicité des masques ,des tiers, des modèles obsédants et démontés. »