jeudi 24 janvier 2013

LE STORYBOARD



Voici quelques extraits d’un article d’Amélie Navarro paru sur le webzine « Il était une fois le cinéma » :

Le storyboard : un outil multifonctions


Loin de n'être qu'une planche de séquences dessinées, le storyboard représente un véritable outil de communication. Il doit aider tous les techniciens et chefs de poste à entrer rapidement dans la tête du réalisateur, l'essentiel étant que sur un plateau de tournage, tous comprennent et utilisent le même langage.
Travailler un storyboard, c'est se poser, en amont du tournage, tout un tas de questions par rapport au choix des axes, aux placements des caméras, aux raccords, mais, au-delà de ça, c'est se demander ce que chaque plan raconte et de quelle manière l'image traduit les intentions du réalisateur. Le storyboard va dépasser le simple état de fait technique pour donner une idée concrète de la continuité d'une séquence, du rythme de tout un film. Il se concentre sur chaque plan tout en permettant une vision globale de la dynamique du film.

Les dessins d'un storyboard doivent être efficaces avant d'être jolis. L'intérêt d'un découpage n'est pas d'être considéré comme une œuvre d'art mais bien comme un outil de communication lisible facilement. Ce qui est important, c'est qu'une fois face au storyboard, l'équipe puisse se faire une idée précise et rapide du plan désiré. La qualité (coloris, traits…) n'est pas primordiale. Mieux vaut viser l'efficacité avant un beau dessin et s'adapter à la personnalité de chaque équipe. Le storyboardeur doit savoir mettre son ego de côté en alliant aspect technique et aspect artistique, opérant ainsi la combinaison parfaite de ce qu'un réalisateur attend d'un proche collaborateur. […]
Le découpage est une base de travail. Il ne constitue en aucun cas une bible à laquelle il faut rester accroché au moment du tournage. Au contraire, il faut savoir s'en détacher et rester malléable : une équipe a beau être très bien préparée, tout se joue au moment du tournage, beaucoup de plans étant annulés, d'autres ajoutés. Yann Cuinet, assistant réalisateur, insiste sur le fait que « tout change tout le temps sur les films. Le réalisateur doit s'adapter et repenser son découpage en permanence, ce qui est loin d'être simple. Le storyboard le conduit alors à trouver d'autres solutions plus adaptées et souvent meilleures. Cet outil ne devrait cependant ni limiter sa créativité ni l'empêcher de changer ses choix de mise en scène, tout comme il ne devrait pas imposer les mises en place des acteurs et le sens qu'ils peuvent donner à la scène. » (3)



 Storyboard de La Reine Margot, de Patrice Chéreau, par Maxime Rebière


  
Si vous voulez lire un entretien avec Maxime Rebière, rendez-vous sur le site de la bibliothèque du film [in La Cinémathèque française] : http://www.bifi.fr/public/ap/article.php?id=164











mercredi 9 janvier 2013

Incendies de Denis Villeneuve

RéalisationDenis Villeneuve
ScénarioDenis Villeneuve
adapté de la pièce de Wajdi Mouawad
Acteurs principaux
Sociétés de productionMicro Scope
Pays d’origineDrapeau du Canada Canada
GenreDrame
Sortie2010
Durée130 minutes [Source : Wikipédia]


Nawal

 

La structure du film :

Partie 1 : Les jumeaux [Jeanne et Simon] : à la lecture du textament de leur mère, ils découvrent qu'ils ont un père et un frère encore vivants, auxquels ils sont supposés remettre une lettre. Colère de Simon. Époque actuelle.

Partie 2 : DARESH. Au pays d'origine de Nawal : séquences alternées de Nawal dont on découvre la jeunesse - l'enfant illégitime né au village et confié à un orphelinat -, l'éducation tardive, le retour sur les traces de " l'orphelin " en pleine guerre civile, si bien qu'elle ne parvient pas à le retrouver. Différence avec la pièce : dans l'une des premières séquences on nous montre les frères de Nawal tuant son amoureux Wahab (avec qui elle voulait s'enfuir). Leurs adieux déchirants et la promesse de chérir l'enfant à venir ne sont pas échangés comme dans la pièce.
Épisode sanglant du bus qui explose ; Nawal ne parvient pas à sauver une petite fille, abattue devant ses yeux. Elle n'est épargnée que parce qu'elle est chrétienne. Le pays est déchiré.

Partie 3 : Le Sud. Jeanne recherche activement son père qu'elle croit être Wahab. De retour dans le village de sa mère, elle apprend qu'elle n'est pas la bienvenue : sa famille a été frappée de la " honte ".

Partie 4 : DERESSA. Retour sur Nawal : "Je suis arrivée à la fin du massacre des réfugiés du camp de Deressa." Elle dit qu'elle veut " enseigner ce qu'elle a appris à l'ennemi."
Ellipse : elle est devenue le professeur particulier d'un enfant dans une famille aisée, protégée militairement. Elle tue le père en l'abattant presque à bout portant. Elle est alors emprisonnée dans une cellule minuscule, la fameuse cellule 72.

Partie 5 : KFAR RYAT - du nom de la prison où elle est restée quinze ans.
Jeanne visite la prison et rencontre un ancien gardien ; parlant de sa mère, il déclare : "C'est la femme qui chante (...). Elle a assassiné le chef des milices de la droite chrétienne. (...) Elle n'a jamais plié." Première évocation d'Abou Tarek, son tortionnaire ; propos tragique : "parfois il vaut mieux ne pas tout savoir." Mise en garde inopérante ! Abou Tarek "l'a brisée à répétition pour qu'elle arrête de chanter." Jeanne croit que la grossesse évoquée par le gardien - suite au viol de Nawal par son tortionnaire - explique la naissance de leur frère (paroles à Simon qu'elle tient au courant à distance).
Passé : Nawal en prison souffre.
Présent : Simon avec le notaire." J'vas chercher masoeur, c'est tout." Le notaire Jean Lebel l'accompagne : " une promesse, pour un notaire, c'set de l'ordre du sacré."
Passé (2) de Nawal au Canada : sur son lit de mort, murmurant au notaire des paroels inaudibles pour le spectateur. Puis au bureau, on le voit clore des enveloppes.
Passé de Nawal à Kfar Ryat (1) : Viol suggéré. Ellipse. Nawal enceinte. Ellipse. Accouchement. Le spectateur découvre qu'il s'agit de jumeaux. Enfants transportés de nuit à la rivière mais finalement sauvés pcq ce sont " les enfants de la femme qui chante."
Présent : Jean et Simon : arrivée au pays ; aide d'un notaire local grâce à Jean. Jeanne se rend à l'hôpital où travailel une infirmière qui a aidé sa mère à accoucher en prison. Révélation : elle a redonné ses enfants à Nawal Marwan quand elle sortie de prison. Enchaînement brutal avec la nage exutoire des jumeaux à la piscine.

Partie 6 : NIHAD. Passé (entre 1 et 2) : Courses d'enfants dans les rues pleines de décombres : enfants dégommés par u nsniper isolé qui tire du haut d'un immeuble. Mystère.
Présent : Info. recueillies sur l'enfant abandonné à l'orphelinat de Kfar Kout : Nihad. Pas d'adoption. Sur ses traces... : cheminement des enfants qui marchent sur les pas de leur frère et de leur mère.Chef de guerre qui a détruit cet orphelinat : Chamseddine, toujours vivant. Ils vont au camp de Deressa afin de trouver "Nihad de Mai ", fils de "la femme qui chante ". reprise notable de ces expressions de Wajdi Mouawad, qui contribuent à la force lyrique de l'oeuvre.
Passé (1) : Nawal dans une voiture. Un homme parle : " Tu as besoin d'aide. (...) Je serai toujours là pour toi et tes enfants."

Partie 7 : CHAMSEDDINE
Rendez-vous fixé à Simon qui doit s'y rendre les yeux bandés. Chamseddine a bien connu Nawal qui a travaillé pour lui. Tête à tête des deux hommes. À propos de l'orphelinat : "J'ai épargné les enfants (...) Nihad était parmi eux. (...) à part (...) un tireur redoutable (...) Devenu un fou de guerre, devenu franc-tireur, le plus dangereux de la région. " Fait prisonnier, il a été formé et est devenu un bourreau dans le camp des chrétiens. L'entretien se poursuit.
Séquence : Simon et Jeanne : 1+1 = 1
Passé (2) Nawal à la piscine, quelques années  avant sa mort : elle reconnaît son bourreau comme étant également son fils : il porte les marques que la grand-mère de Nawal lui avait faites au pied. Diiférence avec le livre dans le mode d'identification du fils ; il n'est pas question de procès ici, comme si le bourreau avait pu continuer à vivre en toute impunité. Plongée dans le silence dont elle ne sortira que sur son lit de mort pour donner ses instructions testamentaires.
Présent : retour sur la révélation de Chamseddine : Nihad de Mai est Abou Tarek. Il vit au Canada sous une nouvelle identité (la boucle est bouclée !).
Jeanne et Simon retrouvent Nihad et lui remettent les lettres
Jeanne et Simon chez le notaire prennent connaissance d'une lettre qui leur est adressée : la Lettre aux jumeaux. Une promesse : celle de " briser le fil de la colère " (dans la pièce de théâtre c'est une promesse que Nawal fait à sa grand-mère en acceptant d'être instruite). Leitmotiv de la pièce exprimé : " Rien n'est plus beau que d'être ensemble."
Séquence finale : le cimetière ; l'inscription sur la pierre ; acte final qui signifie le repos de Nawal et la réconciliation des générations.

Les promesses ont été tenues !